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Alumni = Société de services ?

10 août 2018 La vie de l'Anienit
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Voici un article déniché par Robert Pejac (7ème) qui fait le point sur les 2 formes que prennent les Alumni  en France . Les unes, à l'instar des Alumni des universités américaines qui comptent plus de 650 000 membres, deviennent des sociétés de services d'autres restent plus traditionnelles.
L'Anienit vient de franchir un pas vers la digitalisation jusqu'où doit-on aller?  Dites nous ce que vous attendez de l'ANIENIT.
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Jean-Luc Taupiac


Synopsis:


Certitude : le capital immatériel que représente le passage de quelques années dans une grande école est largement constitué des compétences, savoir-faire et connaissances concrétisés par un diplôme. Mais c’est aussi largement ce potentiel de liens tissés grâce à de multiples réseaux initiés par l’école ou l’université, plus ou moins valorisés par leurs associations.
Chaque ancien devient de plus en plus un “ambassadeur” en charge de la notoriété de la marque… inscrite sur son diplôme.
Ils ne se connaissent pas. Ne sont pas – de loin – de la même génération mais, pour affaires, l’aîné passe un coup de fil au junior en le tutoyant. Contact fructueux pour quelques informations vitales. Cette familiarité rentable ne serait possible sans un diplôme commun à ces deux interlocuteurs. Ils appartiennent à l’association les fédérant. A l’image des écoles, il existe de fortes disparités de qualité entre ces “alumni” . Révolution sous l’impulsion du numérique, des réseaux sociaux que toutes ne vivent pas au même rythme, en fonction de leurs ressources. Ces cotisations si difficiles à obtenir alors qu’il faut professionnaliser les prestations. Quelques amicales ringardes, à la papa, riches des seules bonnes volontés de quelques bénévoles chenus contrastent donc avec d’autres, florissantes et rendant de vrais services à leurs membres. Les alumni – ces associations d’anciens élèves de grandes écoles ou universités – vivent, pour celles qui appartiennent aux premières de ces catégories, une révolution stratégique que les dernières ignorent encore. L’Internet et les réseaux sociaux professionnels, désormais segmentés par spécialités – métiers, régions… -, bousculent par leur nouvelle concurrence ces traditionnelles associations fédérées par la “marque” identique de leur diplôme.
Or actuellement – secret rarement avoué bien que mal gardé –, de nombreuses alumni peinent à faire rentrer les cotisations. “C’est une bataille de plus en plus difficile pour nombre de secrétaires généraux qui doivent lutter contre des mentalités utilitaristes : on ne cotise pas par esprit de solidarité entre les générations ou entre des situations professionnelles mais avec un vrai souci de consommateur”,  La solidarité est une vertu qui s’émousse et l’on veut désormais cotiser utile. Pas étonnant que le “militantisme” le plus fervent, se traduisant en taux de cotisants plus généreux, se trouve davantage du côté des grandes écoles d’ingénieurs que dans les business schools. Sans doute études et traditions forgent-elles un esprit de corps plus intense, des réflexes d’entraide plus volontaristes. Il est vrai que leurs cotisations sont aussi plus modestes. Ce “militantisme” se traduit très concrètement par le taux de cotisants par rapport aux cohortes de diplômés : de l’ordre de 50 % du côté des ingénieurs, plus souvent 20-30 % du côté des grandes écoles de gestion.(NDLR: d'aprés nos propres sources les 50% sont exagérés et L'ANIENIT compte 10% de cotisants)

 voici l'article complet

Les associations d’anciens élèves


La composante désormais incontournable, – et parfois trop négligée -, de l’écosystème école-fondation-association

Ils ne se connaissent pas. Ne sont pas – de loin – de la même génération mais, pour affaires, l’aîné passe un coup de fil au junior en le tutoyant. Contact fructueux pour quelques informations vitales. Cette familiarité rentable ne serait possible sans un diplôme commun à ces deux interlocuteurs. Ils appartiennent à l’association les fédérant. A l’image des écoles, il existe de fortes disparités de qualité entre ces “alumni” devenues de véritables sociétés de services.
Révolution sous l’impulsion du numérique, des réseaux sociaux que toutes ne vivent pas au même rythme, en fonction de leurs ressources. Ces cotisations si difficiles à obtenir alors qu’il faut professionnaliser les prestations. Quelques amicales ringardes, à la papa, riches des seules bonnes volontés de quelques bénévoles chenus contrastent donc avec d’autres, florissantes et rendant de vrais services à leurs membres.
Or, pour les grandes écoles et universités, ces associations – du fait de leur influence sur la notoriété de la “marque” – sont un élément de la compétition largement ouverte entre ces acteurs. Finies les amicales par trop franco-françaises, depuis quelques années l’indispensable dimension internationale rend l’exercice plus délicat encore. Il s’agit de multiplier les antennes à travers le monde, animées par des “ambassadeurs” de la grande école.
Rare vivier de talents, efficace booster de carrière, zone privilégiée de “social business” ou amicales à la papa, riches seulement de rares et désuètes bonnes volontés ? Les alumni – ces associations d’anciens élèves de grandes écoles ou universités – vivent, pour celles qui appartiennent aux premières de ces catégories, une révolution stratégique que les dernières ignorent encore. L’Internet et les réseaux sociaux professionnels, désormais segmentés par spécialités – métiers, régions… -, bousculent par leur nouvelle concurrence ces traditionnelles associations fédérées par la “marque” identique de leur diplôme. Sous cet aiguillon, certaines se sont formidablement modernisées en professionnalisant leurs prestations, quand d’autres se désolent d’une sinistre et vicieuse dynamique, la faible attractivité de leurs services décourageant le versement de cotisations.
Ce manque de ressources induit une baisse de qualité des prestations, une carence en animation et finalement une médiocre attractivité qui se traduit rapidement en infidélité des anciens. Malgré un avantage de taille pour ces véritables sociétés de services, leurs clients – consommateurs quasi obligés – représentent une clientèle captive qui de toute façon ne pourra jamais qu’envier les prestations avantageuses des associations d’en face…
Or actuellement – secret rarement avoué bien que mal gardé –, de nombreuses alumni peinent à faire rentrer les cotisations. “C’est une bataille de plus en plus difficile pour nombre de secrétaires généraux qui doivent lutter contre des mentalités utilitaristes : on ne cotise pas par esprit de solidarité entre les générations ou entre des situations professionnelles plus ou moins favorisées, mais avec un vrai souci de consommateur”, constate pour sa part Manuelle Malot, directrice Carrière et Prospective de l’Edhec. La solidarité est une vertu qui s’émousse et l’on veut désormais cotiser utile. D’où souvent ces structurations par sous-groupes sectoriels afin de développer l’esprit club pour quelques réseaux bien périmétrés.
Cotiser oui, mais cotiser utile
Certaines écoles, anticipant cette désaffection dans l’air du temps, ont trouvé la parade. L’Edhec, comme EMLyon par exemple, font régler aux élèves durant leur scolarité une cotisation “à vie” leur ouvrant les portes du club. Les étudiant de l’Edhec règlent 1 000 euros en trois ans, sur le campus. “Avec ce système, le sentiment d’appartenance est accru, il facilite le lien entre les différentes générations, tous membres de la communauté Edhec par le diplôme”, note Olivier Gautier, ambassadeur Edhec pour Renault, patron du Corporate Sales Division. La baisse généralisée des cotisations menace la survie de plusieurs modestes associations d’ingénieurs. Ce paysage des alumnni est donc vraiment binaire, très clivé car, en revanche, les associations des grandes écoles d’ingénieurs du haut de tableau et leurs cossus actifs immobiliers situés dans le triangle d’or – rue Jean-Goujon, avenue d’Iena – sont à la tête d’actifs les mettant à l’abri de soucis pécuniaires.
Pas étonnant que le “militantisme” le plus fervent, se traduisant en taux de cotisants plus généreux, se trouve davantage du côté des grandes écoles d’ingénieurs que dans les business schools. Sans doute études et traditions forgent-elles un esprit de corps plus intense, des réflexes d’entraide plus volontaristes. Il est vrai que leurs cotisations sont aussi plus modestes. Ce “militantisme” se traduit très concrètement par le taux de cotisants par rapport aux cohortes de diplômés : de l’ordre de 50 % du côté des ingénieursplus souvent 20-30 % du côté des grandes écoles de gestion. Scores encore plus modestes lorsque l’on s’intéresse aux structures mises en place par les universités, à quelques exceptions près comme Paris Dauphine.
La critique la plus menaçante prend alors la forme d’un constat : “Je n’en ai pas pour mon argent”, rituel reproche qui menace, à la caisse, la viabilité de ces structures. Certaines, rares, brassent des millions (HEC, Arts et Métiers, Polytechnique) quand les ressources d’autres se comptent en dizaines de milliers d’euros. Encore faut-il ajouter les dividendes de la réussite des plus brillants, comme les 3 millions versés par un “gadzarts” en septembre ou le million offert par cet HEC. Cette générosité creuse aussi les écarts.
Garde-fou de carrière pour les uns, booster pour les autres
A l’heure du networking des réseaux sociaux, les alumni ont l’ avantage de jouer le rôle d’assurance face aux pépins de carrière. On cotise pour le jour où l’on aura besoin de bénéficier de séminaires sur l’évolution professionnelle, de coaching, d’uneCVthèque, d’offres d’emploi, de conseils, etc. Les prestations de loin les plus sollicitées relèvent en effet du domaine des ressources humaines et du développement de carrière. Bilan de compétences, évaluation, préparation aux entretiens. Profiter de l’expérience des aînés, voilà la logique structurant la palette des offres. Certaines structures comme celle de ESCP Europe organisent sur le mode des “speed datings” des rencontres éclairs entre des aînés expérimentés et de jeunes ambitieux.
“Ce qui a permis à 150 personnes de se rencontrer en deux mois grâce à ces rendez-vous très rapides, très rythmés : 10 minutes ponctuées par une cloche, sans cocktail ni mondanités”, explique Yves Séchaud, président délégué de ESCP Europe Alumni, à la tête d’une structure de 600 délégués – des animateurs relais, véritable force de frappe de l’organisation, qui animent près de 200 groupes afin d’aider les diplômés avant leur départ pour Shanghaï, Rio ou Londres.
“Il faut constamment adapter l’offre pour tenir compte des impératifs de la mondialisation. Cela passe par un maillage plus étendu de notre réseau, sur la côte Est des Etats-Unis mais aussi à Shanghaï ou dans la Silicon Valley…”, note Joëlle Planche-Ryan, responsable développement du Pôle carrières des ingénieurs Arts et Métiers. Au cœur du business b-to-b afin d’entrer dans l’entreprise d’un autre ancien, tels des “ice breakers” partageant une même communauté de valeurs, dans une confiance intuitive. Modus vivendi largement répandu aux Etats-Unis où les universités vivent largement du financement des anciens, à l’image de CalTech.
Si, à quelques promotions d’intervalle, les recommandations d’un camarade à la trajectoire brillante permettent de faire la courte échelle auprès d’un chasseur de têtes, pourquoi s’en priver ? Tout est question d’éfficacité. Et pourtant ! La qualité de la boîte à outils proposée pour doper la trajectoire – richesse prestigieuse de l’annuaire transformable en autant de relations, assistance de professionnels dans l’optimisation de la carrière – est un souci bien peu pris en compte au moment crucial qui programme ces futurs bénéfices. S’ajoute d’ailleurs depuis peu un autre atout à cette palette : “Hier, se retrouver entre soi autour d’événements prestigieux suffisait. Plus maintenant. L’entrepreneuriat devient une prestation de plus en plus tendance”, note Joëlle Planche-Ryan des Arts et Métiers. Avec ses business angels, ses incubateurs, bref un réseau efficace de “naisseurs”. Et sur les réseaux de la Toile, même les plus pros, ces organisations auront toujours une longueur d’avance, l’avantage de pouvoir organiser rencontres physiques et événéments permettant des échanges moins désincarnés.
Lorsqu’un jeune sortant de classe prépa choisit sa future école, bien souvent l’arbitrage entre des institutions de qualité équivalente se fait au profit de la meilleure qualité de vie, l’ambiance sur le campus, l’environnement sportif, festif, bref des critères privilégiant plutôt l’instant. Avec un peu plus de calcul et de recul, il pourrait comparer les associations d’anciens. Le réseaux de l’une pourraient bien lui servir de booster pour sa carrière tout au long de sa vie professionnelle, quand l’autre ne lui donnera aucun atout palpable. Différence considérable, sur la durée, à laquelle peu de futurs diplômés prêtent vraiment attention.
Alors qu’une fois sortis de l’école, il font preuve d’une exigence redoutable : “Les jeunes très exigeants, nets et précis dans leur demande, nous stimulent et nous poussent à nous améliorer : ils nous sollicitent véritablement comme des consommateurs fiers que leur école soit classée au deuxième rang mondial par le Financial Times. Ces rankings ont une forte influence sur le sentiment d’appartenance”, ajoute Yves Séchaud. Effectivement, s’il y a une occasion où ce sentiment d’appartenance se cristallise, c’est bien à l’occasion de ces divers classements. Plus souvent quand ils sont moyens ou que quelques places ont été perdues.
Les diplômés ont en effet depuis quelques années de rituelles raisons de s’indigner ou de jubiler : les classements multiples font varier la cote de leur école d’origine au gré des performances, des critères et des publications : “On se fait engueuler par les anciens, déçus quand l’école perd quelques places dans ces ratings”, observe Jérôme Caby, directeur d’ICN Business School. Un véritable dépit amoureux. Même si l’école actuelle n’a plus grand-chose à voir avec celle de leurs studieuses études, ils se sentent encore propriétaire de sa réputation, sa notoriété. Ils la valorisent au gré de leur buzz. Voilà pourquoi ces multiples associations ont une responsabilité certaine sur la lisibilité de leur école, son image dans l’opinion. Aussi, développer le sentiment d’appartenance, doper l’attachement à la marque, forte, lisible, visible devrait faire partie intégrante de leur stratégie.”
La composante de tout un éco-système
A cet égard on peut imaginer le trouble de ces milliers d’anciens des classiques écoles de commerce, les ESC en région qui viennent quasiment toutes de changer d’identité. Ainsi, le diplômé sorti dans les années 90 de la prosaïque ESC Bordeaux s’est retrouvé il y a quelques années ancien de BEM (Bordeaux Ecole de management) avant de devenir il y a quelques semaines ancien de Kedge Business School, la nouvelle entité née de la fusion avec Euromed Marseille. Cette valse des étiquettes sème parfois la confusion chez les DRH et autres chargés de recrutement.
Casse-tête identique pour les sortants du Ceram, de l’ESC Lille, de l’ESC Nantes… Or l’attachement à la marque est tel qu’il y a quelques années, les anciens de l’ESCP, qui venait de fusionner avec l’EAP, ont fait capoter le projet de changement de raison sociale. Voilà pourquoi leur institution ne fut jamais baptisée IMEP. Ces associations sont aussi des lobbies intervenant en interne… pour peu que leur gouvernance soit digne de ce nom et qu’elle remplisse quelques conditions indispensables : à sa tête, évidemment, un président à la carrière prestigieuse et qui en impose, comme Roland Vardanega, ex-N° 2 de Peugeot à la tête de l’association des Arts et Métiers, ou Daniel Bernard, ex-patron de Carrefour, actuellement à la tête des anciens HEC. Un ou deux sièges au conseil d’administration de l’école, une équipe de salariés à temps plein opérationnels et donc un budget conséquent sont les signaux forts de ces structures.
Comme dans une entreprise, tout est affaire de talents, de moyens et… de stratégie. Le dirigeant doit être un manager de premier plan ayant fait ses preuves. Business plan, objectifs, résultats sont les composantes – au même titre que pour une entreprise – d’une stratégie clairement affirmée. Car cultiver l’esprit club, entretenir ce lien immatériel tissé dans la fierté d’appartenance, la notoriété de la marque qui se patine au gré de petits déjeuners et de conférences ne suffit plus. Les alumni sont devenus la composante de plus en plus imbriquée de tout un écosystème “école-fondation-association”.
Les premières en ont-elles vraiment tiré toutes les conséquences et les bénéfices ? Pas certain. Ces fameux anciens ne sont pas toujours des aiguillons poussant avec vigueur leur institution à l’avant- garde de la modernisation, les encourageant au contraire au conservatisme. Certaines confidences – sur le mode du “off”, bien sûr – estiment parfois leur souci de conservation des traditions quelque peu zélé. A l’inverse, au nom des traditions, de plus en plus d’écoles et surtout d’universités ritualisent, à grand spectacle – toge, toque envoyée en l’air, parchemin spectaculaire –, leurs remises de diplômes. Histoire de renforcer ce fameux sentiment d’appartenance.
La question de l’animation
Reste ensuite le service après-vente, pas toujours assuré avec autant de fougue. Car un réseau d’anciens, cela se gère, s’anime, se pilote même avec une certaine vision de ses ambitions. “Aujourd’hui, je suis retraité mais être président correspond à un temps plein. Avec les déplacements, cela fait du 70 heures par semaine. J’ai bien réussi dans la vie, je veux rendre ce que j’ai reçu. Nous sommes la plus grande association d’anciens en France, 32 000 membres, dans 27 régions, plus de 50 groupes professionnels, des business angels, 2000 bénévoles… Un camarade en difficulté, on ne le laisse pas. Toutes les alumni ont des problèmes, les élèves étant moins proches des associations d’anciens, même si, en raison de notre ancienneté et de notre taille, nous n’avons pas tellement ce problème. Mais beaucoup traversent d’énormes difficultés, parfois même existentielles”, observe Roland Vardanega, président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers.
L’enjeu du numérique
Certaines associations d’anciens ont donc le blues. Les jeunes diplômés, génération Y, adorent les tribus des réseaux sociaux, ces liens tissés très tôt qui les éloignent quelque peu de structures souvent moins tendance. Rude défi pour ces dernières qui doivent séduire, faire la démonstration de leur efficacité puis fidéliser les diplômés les plus récents. Alors que les réseaux sociaux “pros”, les Viadeo et autre Linkedin, s’imposent comme d’efficaces outils de ce relationnel utile grâce à leur segmentation par métier, secteur économique, etc. “Les réseaux sociaux sont un bon support de communication, mais s’il n’y a pas une rencontre à un moment donné entre les membres, cela ne peut pas marcher”, nuance toutefois Christelle Caucheteux, directrice Edhec Alumni.
Si les réseaux sociaux ne peuvent remplacer une association, ils peuvent toutefois en détourner les membres. Ces réseaux démodent le classique annuaire papier à la mort programmée. Certes, il a les vertus d’un bel objet, support publicitaire de choix, mais sa mise en ligne, par les facilités nouvelles qu’elle offre, le condamne. Combien de centraliens spécialisés dans l’aéronautique à Pékin actuellement ? A quel camarade implanté à Boston puis-je demander quelques tuyaux sur tel dirigeant qui souhaite me recruter ? Ou, plus prosaïquement, identifier les joueurs de golf polytechniciens au Liban ? “Nos assistantes de recherches n’utilisent plus que très rarement les annuaires, elles préfèrent avoir accès à des bases de données dédiées, bien renseignées par type de compétences, expériences, références et permettant d’emblée de faire des tris et une première sélection. Ce dont disposent peu de ces associations, faute de moyens”, constate ce chasseur de têtes réputé.
Les alumni ayant fait la mutation numérique de leur base de données ont vu leur légitimité renforcée par cette fameuse mondialisation, laquelle a eu des effets toniques sur les structures les plus dynamiques. Allo CV, 100 ateliers et conférences/an (recherche d’emploi mais aussi management, entrepreneuriat..), 30 000 offres d’emploi, CVthèque, un site Web 2.0, bilingue français/anglais, l’élection de l’Alumni of the Year, le lancement de la Student Alumni Box, “la petite boîte pleine de services”… la vitalité de l’association de l’ESCP Europe a de multiples concrétisations. Avec son “social hub”, son annuaire en ligne, son job board, Euromed Marseille n’est pas en reste. Quoi de plus efficace, lorsque l’on débarque pour s’implanter dans un pays, que d’y trouver des gens qui ont déjà défriché le terrain, vous informent sur les pièges, risques et autres menaces indispensables à identifier lorsque l’on ne connaît pas les codes ?
Les ratés de l’updating
Il y a quelques années, la plupart des dirigeants des grandes écoles de gestion vous dévoilaient leur business plan marketing pour l’avenir : profiter de la clientèle captive des diplômés pour leur vendre périodiquement des sessions d’actualisation de leurs connaissances, 5, 10 ou 15 ans après leur départ du campus. Ces derniers, ayant apprécié la qualité des enseignants, la pertinence de la pédagogie, viendraient alors de façon récurrente sacrifier, au nom de la formation professionnelle, quelques heures de leur temps précieux. Louables ambitions… qui jamais ne virent vraiment un début de réalisation. Certes, ce rafraîchissement – prononcez “updating” – des connaissances prend parfois l’allure d’un MBA dans le cursus, mais l’opportune autant qu’indispensable piqûre de rappel a visiblement fait chou blanc. Aujourd’hui, combien d’anciens se voient-ils proposer, longtemps après leur passage sur le campus, des podcast susceptibles de régénérer leurs connaissances, des cours de professeurs actuels …
Certitude : le capital immatériel que représente le passage de quelques années dans une grande école est largement constitué des compétences, savoir-faire et connaissances concrétisés par un diplôme. Mais c’est aussi largement ce potentiel de liens tissés grâce à de multiples réseaux initiés par l’école ou l’université, plus ou moins valorisés par leurs associations.
Chaque ancien devient de plus en plus un “ambassadeur” en charge de la notoriété de la marque… inscrite sur son diplôme.




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1 Commentaire

Nicolas SERRE (TARBES 28)
Il y a 5 ans
Intéressant article et pour le coup assez long. En ces temps de zapping et de tweet incessant, je serais bien curieux de savoir combien l?ont réellement lu en entier. ;-)

J?y lis notamment « on ne cotise pas par esprit de solidarité entre les générations ou entre des situations professionnelles mais avec un vrai souci de consommateur ». Faut-il s?en étonner lorsque le système dans lequel nous vivons prône l?individualisme forcené et la consommation à tout crin ? La tendance est au « qu?est-ce que j?y gagne moi en tant qu?individu » plutôt que « qu?est-ce que nous, en tant que société humaine, nous y gagnons ».

Je cotise à l?ANIENIT depuis ma sortie en 1995. Je ne me suis jamais demandé ce que j?allais y gagner à titre personnel. Mon idée est de contribuer au lien entre l?école et le monde industriel. Je pense aussi que la réputation de l?école est très liée à sa capacité à fédérer les anciens autour de son nom. En soutenant l?ANIENIT, je contribue un peu à sa renommée, ce qui est intéressant notamment pour les plus jeunes diplômés. Et peut-être un peu aussi pour les plus anciens quand on voit qu?en France, après 20 ans de carrière, on vous demande encore quelle école vous avez faite ! Un réflexe typiquement français et à mes yeux ridicule.

Allez, il y a certainement aussi une dimension affective. Une façon de me rappeler mon passage à l?école qui, au-delà de sa dimension pédagogique, a eu une dimension humaine importante. Et pourtant il était court ce passage : je suis un « spécial de merde » comme on disait à l?époque, un « Deum?s » aujourd?hui.

Merci en tous les cas à ceux qui dépensent de l?énergie pour faire vivre l?ANIENIT. Ceux du bureau, ceux qui font vivre les groupes régionaux, ceux qui cotisent, ceux qui viennent tout simplement faire un tour sur ce (nouveau) site.

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