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BTP, industrie... L'intérim en pleine tourmente

15 mai 2020 Les Entreprises
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L'intérim a explosé pendant le confinement: mais les secteurs qui ont surperformé, comme l'agroalimentaire, la logistique, la grande distribution et le médical, n'ont pas suffi à compenser l'effondrement du BTP et de l'industrie, qui représentent 60% des salariés intérimaires. Le secteur vacille, même si tout espoir n'est pas perdu. 

 

Les secteurs qui ont surperformé n'ont pas suffi à compenser l'effondrement du BTP et de l'industrie pendant le confinement.

S'il n'est pas encore possible d'estimer l'ampleur de l'impact du covid-19 sur l'économie française, l'un des meilleurs indicateurs en la matière sera le baromètre des entreprises d'intérim, que l'on attend pour fin mai. 

Depuis la mi-mars, le secteur a été entraîné dans la folle spirale du confinement. "Jusqu'à la mi-mars, nous avions constaté un petit tassement de l'activité, -5% environ, rien de terrible, explique Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism'Emploi, l'organisation qui rassemble 600 enseignes des professionnels du recrutement et de l'intérim et 90% du chiffre d'affaires du secteur. Et puis mi-mars, nous avons commencé à avoir des appels d'entreprises-clientes qui avaient vu brutalement leur activité s'écrouler de 60, 70, 90% et tout a basculé". Première urgence : "Il a fallu protéger nos salariés intérimaires et les faire passer en activité partielle. Certaines entreprises ont fait jouer la force majeure et les avaient renvoyés chez eux sans préavis, sans attestation, sans aucune information sur leur statut. Juste renvoyés". En parallèle, il a fallu aussi protéger les intérimaires en activité, s'assurer que les entreprises qui les employaient prenaient les mesures de protection sanitaires nécessaires.

Situations très disparates

Si quelques secteurs ont continué à fonctionner, parfois en sur-régime, cela n'a pas suffi à rassurer les professionnels de l'intérim. "L'époque est confuse et les situations très disparates, affirme Isabelle Eynaud-Chevalier. Pour une agence locale, en Bretagne par exemple, qui travaille exclusivement pour l'agroalimentaire et la logistique, tout s'est évidemment très bien passé, mais pour les enseignes très généralistes, ou pour celles qui sont positionnées BTP-Industrie, là, c'est la catastrophe". Une certitude : les secteurs qui ont tenu le choc face à la crise ne compenseront pas l'effondrement des autres. En effet, le BTP et l'industrie représentent 60% des intérimaires… "Et si le BTP reprend, ce n'est que partiellement, et l'industrie, elle, reste encore largement à l'arrêt". 

L'avenir est-il complètement bouché ? Pas sûr. Pascal Lorne, fondateur de GoJob, une start-up de travail intérimaire en ligne créée en 2015, a vu son chiffre d'affaires s'effondrer de 50% en quelques jours après le 13 mars. Mais l'entrepreneur a recommencé à respirer avec l'explosion du recours à l'intérim dans la logistique et la grande distribution. L'horizon a continué à s'éclairer progressivement et désormais, il en est certain : "On aura récupéré notre chiffre d'affaires d'ici trois mois : dès le mois de mai, l'activité économique va repartir."

GoJob a été positionnée autour de trois secteurs : l'industrie, le commerce et la logistique. Selon l'entrepreneur, c'est le BTP qui va reprendre son rythme normal avec le plus de rapidité : "Les chantiers sont en plein air, donc les risques sanitaires sont moindres ; et puis les commandes sont étalées sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, il est plus simple d'organiser le travail de chacun". L'industrie automobile reste le grand point d'interrogation : "Les commandes du premier trimestre, de janvier à mars, n'ont pas été livrées : il va falloir produire très vite, ne serait-ce que parce qu'il faut produire du cash, donc il va y avoir une activité très soutenue. Mais ensuite, y aura-t-il une stabilisation ou une baisse de la consommation dûe à la perte de confiance ? Personne n'est capable de voir jusque-là". 

Le point noir du tourisme

La distribution, et donc la logistique, son corollaire - devraient repartir elles aussi, selon lui : "Il fait beau, on est resté confiné longtemps, alors même si l'avenir est incertain, qu'on va tous avoir tendance à faire attention, je pense que les gens vont sortir faire du shopping, renouveler un peu la garde-robe de printemps-été, aller faire un tour à la Fnac ou Darty… ". 

Le seul point noir reste le tourisme et l'hôtellerie : "GoJob n'y est pas du tout, parce qu'à chaque krach – et je savais qu'on allait vers un krach, c'est cyclique -, ce sont les deux secteurs qui plongent. Là, je les vois atones pour longtemps, ce qui est très triste pour notre région de Provence-Alpes-Côte d'Azur". 

En attendant de pouvoir rassembler et consolider les chiffres des entreprises d'intérim, Isabelle Eynaud-Chevalier est aux aguets : "Nous guettons surtout les signes d'une reprise durable, sans stop and go dévastateur. Et nous réfléchissons à la manière de réagir, pour protéger à la fois les enseignes d'intérim et les salariés intérimaires". Elle soupire. "Les journées sont vraiment très, très intenses… ". 




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