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Cadres : réduction des écarts de salaire entre Paris et l'Ouest

12 février 2020 Les Entreprises
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Dans le Grand Ouest, près de la moitié des recrutements de cadres supérieurs et dirigeants concerne des candidats qui arrivent d’Ile-de-France, selon les données du cabinet spécialisé Robert Walters. Dans un marché de quasi plein-emploi pour ces profils, les entreprises cherchent à s’aligner en matière de rémunération. Pour les attirer, elles doivent aussi apporter plus de sens et un autre équilibre de vie.

En France, 74 % des cadres supérieurs et dirigeants pensent à changer d’emploi cette année et 73 % attendent une augmentation de salaire. C’est ce qui ressort de l’enquête Rémunération 2020 publiée par le cabinet de recrutement Robert Walters. Dans un contexte de quasi plein emploi, la bataille des régions est lancée pour attirer ces profils. Et l’Ouest tire son épingle du jeu. Si les cadres parisiens désireux de quitter Paris sont nombreux, ils cherchent à maintenir leur niveau de rémunération tout en gagnant en qualité de vie. En quête de sens, ils attendent que leur nouvel employeur leur propose une vision à long terme. Autant de défis pour les entreprises locales.

Entretien avec Henri du Couëdic, responsable du bureau nantais du cabinet Robert Walters, qui couvre le quart nord-ouest de la France. 

Quelles sont les grandes tendances de l’emploi cadre sur le quart nord-ouest de la France ?

Globalement, cela suit la tendance nationale, mais nous avons quelques spécificités. En 2019, parmi les candidats que nous avons été amenés à recruter chez nos clients, 47 % occupaient précédemment un poste en Ile-de-France et 60 % venaient d’une autre région. Nous sommes sur des fonctions de cadres supérieurs et dirigeants, mais c’est quand même assez évocateur. Cela confirme que le quart nord-ouest est très attractif.

Vers quelles villes de l’Ouest se tournent ces profils ?

Les villes les plus attractives pour les cadres supérieurs vont être les plus importantes, avec Nantes en pole position, puis Rennes et les bassins d’emploi qui n’en sont pas trop éloignés. Des villes comme Vannes plaisent également beaucoup. Nous avons aussi pas mal de recrutements dans l’ancienne région Poitou-Charentes. Angoulême, par exemple, ou encore Cognac. Les villes moyennes attirent donc aussi.

Vous ciblez des profils de cadres supérieurs qui ont au moins dix ans d’expérience. L’Ile-de-France est-elle un passage obligé pour débuter ou est-il possible de faire toute sa carrière dans l’Ouest ?

Je peux vous donner mon regard mais je n’ai pas de données chiffrées à ce sujet. Lorsque l’on nous confie des recrutements et que l’on va chercher des gens qui ont plutôt cinq ans d’expérience, on se rend compte que l’on attire plutôt des personnes qui ont décidé de ne pas bouger de la région. Les profils qui se destinent à des carrières de cadres supérieurs et dirigeants commencent souvent en Ile-de-France.

Existe-t-il encore des écarts de rémunération entre l’Ile-de-France et le Grand Ouest ?

De façon générale, nous avons quand même des rémunérations sur le Grand Ouest qui sont inférieures à celles que l’on retrouve à Paris. Mais les écarts tendent à se réduire. Il y a peu de candidats pour les postes de cadres supérieurs et dirigeants, nous sommes dans des régions proches du plein-emploi. Nous sommes donc obligés d’aller les chercher à Paris. Ces profils vont faire bouger leur famille et ils viennent chercher une meilleure qualité de vie. Ils ne sont pas prêts à trop transiger sur le salaire. D’autant plus que le conjoint va quitter son emploi et devra en trouver un autre. Ces cadres quittent généralement Paris sans faire de gap mais essaient de maintenir leur salaire parisien. Ce qui contribue à gonfler petit à petit les salaires en régions.

J’observe globalement un écart de rémunération de 10 % à 15 %. Mais si l’on regarde de plus près, on s’aperçoit que c’est un marché à deux vitesses. Avec un marché qui va concerner des candidats locaux, qui vont surtout graviter dans des sociétés régionales. Pour eux, les mouvements de carrière vont se faire de manière un peu moins rapide. En Ile-de-France, les gens changent de poste tous les trois ans. En région, sur ce type de profils, ils vont changer tous les cinq ans. Sur ce marché local, les niveaux de salaires décrochent pas mal par rapport à l’Ile-de-France.

Mais dès que l’on passe sur des profils dirigeants ou sur des sociétés de taille plus importante, on s’aligne beaucoup plus sur le marché parisien. Car nous irons chercher les candidats en Ile-de-France ou dans d’autres régions.

Dans l’Ouest, quels sont les secteurs les plus demandeurs de profils ?

Ce que j’observe par rapport aux sociétés qui nous mandatent, c’est que nous avons beaucoup de beaux groupes locaux qui sont à des moments de vie où ils passent du stade d’entreprise de taille intermédiaire à un stade de grand groupe international. Ils ont de très gros enjeux de structuration de leurs fonctions supports : finance, ressources humaines, IT… Nous avons beaucoup de demandes.

L’enquête Robert Walters nationale montre que si la rémunération reste importante aux yeux des cadres, la question du sens des missions et celle de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle prennent une place de plus en plus importante. Est-ce quelque chose que vous constatez localement ?

Très nettement. Les entreprises qui parviennent à recruter le mieux sur le Grand Ouest sont tout d’abord celles qui sont capables de donner au candidat une vision stratégique à long terme. Elles doivent ensuite leur proposer des perspectives de développement de carrière à moyen terme assez nettes. Enfin, ce sont les entreprises où l’on sait qu’il fait bon vivre. C’est-à-dire des structures où vous allez avoir une politique RSE (Responsabilité sociale et environnementale. NDLR) et RH en phase avec les préoccupations actuelles. Les candidats se renseignent énormément.

Lorsque l’on a ces trois éléments, c’est un avantage énorme pour les entreprises. Elles ont beaucoup plus de facilités à recruter. Les candidats qui souhaitent déménager dans l’Ouest recherchent une vie professionnelle riche, épanouissante dans laquelle ils pourront se réaliser. Ils veulent un boulot avec de l’intérêt, dans une entreprise peut-être un peu plus petite, pour retrouver du sens et du lien.

En même temps, ils veulent un bon équilibre de vie personnelle, avec un habitat suffisamment grand lorsqu’ils ont des enfants, dans une région qui offre de nombreuses activités.

Ouest-France Recueilli par Aline GÉRARD.




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