Actualités

Partager sur :

Expérience : Chômage et Projet de rebond

14 septembre 2020 Les Alumni
Vue 301 fois

Vous trouverez dans cette News l'expérience d'un ancien.

Conscient que cette expérience est "hors norme" mais notre rôle est aussi de communiquer toutes les expériences.

"Faire le bilan de 1998. Ni coup de gueule ni coup de cœur. Simplement témoignage banal : cette année a été pour moi celle de l’expérience du chômage.
Je travaillais depuis 20 ans dans une SCOP (société coopérative ouvrière) employant cinquante personnes, toutes associées. Et je participais à la gestion. Dans le domaine de la productique. Devant des difficultés économiques (aux raisons multiples, tant environnementales qu’internes) , nous avions décidé de faire le pari des valeurs humaines, et donc de ne licencier personne. Nous avions donc réduit nos salaires, et essayé de relancer par une politique commerciale et de création de nouveaux produits.
Et puis ça n’a pas marché. Dépôt de bilan. Reprise partielle par un patron. Vingt licenciements en mai. Dont moi.
Comment j’ai vécu ça ?
- D’abord faire le deuil de l’activité passée, dans laquelle je m’étais énormément investi. Vider la tête de tous les projets en cours (quand on fait de la recherche, la tête est prise vingt-quatre heures sur vingt-quatre...). Accepter l’idée d’avoir abandonné les clients. Méthode utilisée : le sommeil à outrance. Deux mois.
- Puis construire un projet. Et là, j’ai essayé de construire non seulement un projet professionnel, mais un projet de vie, avec ma famille et en société. Parce que financièrement, les indemnités de licenciement donnent tout de même le temps de se retourner. Je crois avoir compris que là est le grand problème des organismes d’aide aux chômeurs (ANPE ...) . Tout est orienté vers le travail, exclusivement le travail, et le plus vite possible. C’est vrai aussi dans l’enseignement, dès le collège : on ne pense le futur qu’en terme professionnel.  J’ai donc décidé de travailler, bien sûr, mais en préservant absolument du temps pour m’occuper de mes enfants, d’associations, du temps pour vivre avec les autres. Travailler pour gagner ma vie, pas plus.
- Aujourd’hui, je suis sur un projet d’installation en libéral, comme ingénieur conseil. Je ne sais pas si ça marchera, mais quand on se lance on fait l’hypothèse que ça peut marcher.
- En résumé, j’ai essayé de « profiter » de la situation pour construire un projet, en évitant absolument de paniquer. Ce qui fait que je suis parmi les derniers du groupe à ne pas avoir encore de travail. Le futur dira si j’ai eu raison.

=====================================================================================
Après 17 ans d'activité comme travailleur indépendant, quel bilan puis-je tirer ?
Du point de vue économique, voir le diagramme joint. En jaune le revenu net, en bleu les dépenses totales, le total étant le chiffre d'affaire. Années remarquables : 2001, rattrapage des charges de 1999, problème connu de la deuxième année d'activité. 2003 et 2007 : gros projets bien vendus, travail 32 heures hebdo. 2014 et 2015, travail "en roue libre" 9 h par semaine (aucun nouveau client) avant la retraite, pour une question éthique : ne pas s'engager avec des clients qu'on abandonnerait ensuite. 2015, gros revenu car cession de licences logiciels, exonéré de charges sociales et fiscales, le seul travail étant la formation des repreneurs. Moyennes sur 17 ans : 3023 euros net mensuel, pour 22 (!) heures hebdomadaires. Tout ça a été possible grace à une réelle compétence dans mon domaine, et un solide réseau de relations professionnelles. Et sans prospection commerciale. Et pire : envoyé «sur les roses» des gens avec qui je ne voulais pas travailler.


Du point de vue personnel : le temps libéré a été utilisé essentiellement à l'accueil d'enfants en difficultés familiales, avec ma compagne. J'ai aussi utilisé mes compétences et mon expérience en gestion pour aider au lancement d'entreprises coopératives, avec l'organisme IES coop à Toulouse dont je suis membre.
Anecdote : un des mes amis de l'ENI, patron fondateur d'une grosse entreprise aéronautique (tout le monde le reconnaitra), me téléphone un vendredi à 18 heures pour me demander un conseil amical. Ma compagne lui répond : «à cette heure, il est parti jouer aux quilles». «Comment, dans nos métiers on ne joue pas aux quilles, on travaille». Je le rappelle à 21 heures, il était encore au boulot. Je lui ai expliqué notre différence de vie, et lui ai bien sûr répondu à sa question.

André DAUDE (11)"

 




2
J'aime

2 Commentaires

Dominique RONDEAU (TARBES 11)
Il y a 3 ans
Super témoignage qui montre que l'équilibre doit être trouvé pour avoir une vie pleine et accomplie. Merci Pépé.
Gérard PEREZ (TARBES 8)
Il y a 3 ans
oui, avoir toujours une ambition d'une vie choisie , les efforts et sacrifices en seront plus "simples" mais surtout acceptables. Merci pour ce temoignage

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.

Ose proposer une actualité