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J'ai terminé un IronMan

11 juin 2020 Les Alumni
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J’ai terminé un IronMan

Ca aurait pu être à peu près n’importe quel soir entre 2001 et 2006, à 4H du mat au foyer : « Eh les gars, je prends un pari sur le fait que Oglid finira un jour un IronMan !!». Explosions de rires et Nième tournée de Ricard pour oublier une telle utopie.

Et pourtant… C’était l’année dernière, le 14 septembre 2019…

Il y a 10 ans de ça, un marathonien restait pour moi un type hors norme et surnaturel, qui n’avait pas de vie et qui passait son temps à courir, négligeant sa famille, ses potes et son boulot pour passer son temps à courir (activité relativement chiante il faut le reconnaître). Un triathlète était encore plus abruti car il devait en plus savoir nager et pédaler... Mais force était de reconnaître leurs exploits inatteignables et surhumains.

Un triathlon qu’est-ce que c’est ?  C’est une course qui enchaine natation / vélo / course à pied sur des distances définies comme les tailles de T-Shirt :

Taille

Nage

Vélo

Course

S

750m

20km

5km

M (Distance Olympique)

1500m

40km

10km

L (Half IronMan)

1900m

90km

21km

XL (IronMan)

3800m

180km

42km

J’ai fait mon premier triathlon taille S en 2013 pour le fun sur la proposition d’un copain (merci Sylvain). On s’est bien marré et on a bu des bières pour fêter ça. Puis un autre l’année d’après, puis encore un autre, et petit à petit c’est l’escalade. Marathon en 2014, Triathlon M en 2016. A partir de là, je ne vise pas forcément la lune mais je ne m’impose plus de limites, tout est faisable. Half IronMan en 2017, Ultra-trail en 2018…

Je suis nul en nage. Je suis nul en vélo. Je suis nul en course. Mais je suis nul longtemps donc la distance ne me fait plus peur, tout n’est qu’histoire de patience. C’est mathématique, si tu ne t’arrêtes pas, quelle que soit ta vitesse, tu passeras la ligne. Son franchissement n’est donc qu’une histoire de patience qui arrivera forcément au fur et à mesure que les aiguilles du chronomètre tourneront.

On y est… Décembre 2018, je m’inscris pour l’IronMan de Toulouse 2019.

A partir de cette date, je crois qu’il ne s’est pas passé un seul jour sans que je pense à cet objectif. J’ai une vie « normale » : j’ai changé de boulot en 2016, je vois mes potes, je bois de la bière et du Ricard, j’ai 2 filles à la maison (que je finis de construire tous les week-ends), n° 3 en route et une femme qui me laisse faire ce que je veux tant qu’il n’y a pas d’impact sur la vie familiale. Ce « pas d’impact sur la vie familiale » reste le plus gros challenge pour caler les sorties et vu mon niveau, il ne faut pas trop que je néglige mon entraînement…

  • Natation le midi avec les collègues 2 fois par semaine  Pas d’impact sur la vie familiale
  • Vélo pour aller au travail (18km) et quand on part le week-end, Val prend la voiture avec les mômes et moi je mets le réveil à 5H du mat pour les rejoindre en pédalant  Pas (trop) d’impact sur la vie familiale
  • Course le midi avec les collègues 2 fois par semaine, puis bascule à 5H du mat avec les chaleurs estivales pour être de retour à 7H pour le petit-déjeuner  Pas d’impact sur la vie familiale.

Le contrat est rempli !

Je rajoute une clause : je ne veux pas dépenser 12.000€ en matériel.

  • Je me suis acheté un vélo de route il y a quelques années, 70€ sur Leboncoin (un cadre en acier bien solide et bien lourd).
  • J’ai acheté une combinaison d’occasion 50€
  • Au final c’est ma paire de pompes à 100€ qui représente l’investissement le plus important

Jour J, je m’aligne en ce samedi 14 septembre 2019 sur la ligne de départ au milieu d’un peu plus de 200 types plus affutés les uns que les autres. Je me place tranquillement à l’arrière du groupe pour ne pas chopper la machine à laver lors de la plongée dans le lac.

  • Je pose mon crawl tranquille et régulier. Il faut absolument que je garde un maximum de force pour la partie vélo. Je sors de l’eau en 1H30 dans les derniers. J’ai mal aux bras mais je suis frais.

  • Je me lance sur les 180km de vélo. Je suis au taquet, en appui sur les prolongateurs, je rattrape quelques concurrents, puis plus rien dans les jambes. Je m’arrête au 90ème, je n’avance plus, je suis cramé et j’ai la gerbe. Loin de moi l’idée d’abandonner mais je ne me vois pas continuer (sentiment assez étrange). Je m’octroie une sieste de quelques minutes, de toute façon je suis mort. Et cette micro sieste me relance sur un nouveau rythme, je repars avec une motivation d’enfer en chantant comme un couillon sur mon vélo. De toute façon je suis maintenant tout seul au milieu de nulle part, personne pour commenter mes vocalises. Je suis de retour au stand après 8H30 de pédalage. J’ai mal au cul mais ça va.
  • A ce moment-là, je me connais, je sais que je finirai. Il est 17H30, je visse ma casquette sur la tête, je fous ma frontale (j’arriverai forcément de nuit) et je cours / je marche / je cours / je dors / je marche / je dors / je cours / je marche… J’en chie mais j’avance. Et si j’avance, je me rapproche forcément de cette foutue ligne d’arrivée. Il m’aura fallu 5H30 pour boucler mon marathon.

Il est 23H, je franchis la ligne devant un public en délire (une dizaine de personnes qui attendent leur mari ou femme retardataire), la banane sur le visage. Le speaker est encore là et m’invite à boire une bière. Il est tard, le photographe est déjà parti bien avant mon arrivée. Mais point besoin de photo pour me souvenir de ce moment inoubliable : une ivresse, mélange de fatigue, de joie, d’excitation, de ras-le-bol. Je termine mon 1er Ironman en 15H35, 155ème sur 263 inscrits / 167 finishers. Autrement dit, 12 personnes sont arrivées après moi… C’est un résultat plus que médiocre mais je l’ai fait, j’ai atteint mon objectif, j’ai réalisé mon exploit.

Sportivement,

Clément Hédon (Oglid – 39ème promo)

 

 




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4 Commentaires

Brice PEYRES (TARBES 42)
Il y a 3 ans
J'ai adoré ton article
Tu as du mérite
Michel MONGE (TARBES 4)
Il y a 3 ans
J'ai fait pas mal de vélo, avec une mini-reprise à 40 ans, mais je n'ai jamais eu ton courage.
Fabrice RUSIG (TARBES 24)
Il y a 3 ans
Je partage ta philosophie du triple effort : l'important n'est pas de participer mais de terminer. Prends bien soin de toi parce qu'à la longue, ça use. Et si tu passes en Charente début juin (en année "normale") : https://www.triathlonsireuil.com
Armand GOURGEON (TARBES 39)
Il y a 3 ans
Put*** Glidou t?as pas fini de nous étonner ! Quand est-ce que tu vas t?arrêter ? :)
Félicitations mec, je suis fier de toi. Une belle leçon de courage. Comme quoi avec de la volonté on peut aller très loin...
Le bisou.
Foto

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