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Le statut de cadre a-t-il encore un sens ?

19 août 2019 Les Entreprises
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LE CERCLE - Pascal Grémiaux, président d'Eurécia, s'interroge dans un texte sur la pertinence du statut de cadre, à l'heure du numérique, du télétravail et des nouvelles formes de management.

Par Pascal Gremiaux (président et fondateur d’Eurécia)
Publié le 15/08 à 09h00

Avec 67 % des non-cadres qui souhaiteraient devenir cadres ( étude Cadreo), quel patron n'a pas été confronté à la légitime incompréhension d'un de ses salariés souhaitant accéder à ce statut ? Quel salarié n'a pas connu ce questionnement sur son passage au statut de cadre qui s'accompagne - en théorie - de droits et devoirs supplémentaires, à commencer par une hausse des charges, sans que son activité en soit profondément modifiée ?

Avec ce paradoxe que celui qui est cadre ne s'en soucie guère tant ce statut lui paraît « normal » alors que celui qui ne l'est pas en nourrit une vraie frustration. Cela traduit même un déclassement au sein de l'entreprise. Quel est donc ce statut dont tout le monde parle sans trop savoir ce qu'il recouvre - d'autant que la législation sur les 35 heures est venue y accoler le terme d'autonomie - ni s'il est encore signifiant en ce premier quart du XXIe siècle ?

Réminiscence du passé

Disons-le tout net, pour de nombreux chefs d'entreprise, la notion de cadre ne relève plus que d'une réminiscence du passé qui n'est un avantage ni pour le dirigeant ni pour le salarié. A l'heure du numérique, du télétravail, de  l'entreprise plus ou moins « libérée », vouloir imposer un tel « cadre » aux collaborateurs paraît bien obsolète dans de très nombreuses professions.

Certes, on pourra objecter que dans l'industrie et la grande distribution, où le taux d'encadrement reste inférieur à 25 %, la différence cadre/non-cadre peut encore faire sens. Reste à savoir pour qui. Mais dans nos petites et moyennes entreprises, où chacun met la main à la pâte et sait se prendre en main pour contribuer à assurer la réussite de la société, dire d'un salarié qu'il est cadre ou pas n'a plus grande signification, si jamais elle en a eu une.

Si la réponse des experts en droit social est de dire que ce statut permet de fixer le niveau de salaire de la personne, c'est là un faux débat. Le salarié doit être rémunéré sur sa performance individuelle et sa contribution à la performance collective, pas sur la base d'un statut contraignant qui soit l'empêche de toucher ce qu'il mérite, soit, s'il s'abrite derrière ce « cadre » pour être moins performant, le protège indûment.

Encadrer les relations sociales

La notion de cadre renvoie également à celle de management. C'est là encore ignorer les évolutions que nous tous connaissons dans nos entreprises. Aujourd'hui, presque tout le monde est amené à manager, à entraîner et motiver un collectif, à commencer par soi-même, sans avoir besoin d'un quelconque « cadre » au-dessus. Dialoguer, échanger, se faire « mentoré » sont des éléments essentiels de la vie d'une ou d'un salarié. Mais pas besoin d'un statut de cadre pour que cela se produise.

La vérité est ailleurs. Un tel statut est surtout utile pour encadrer les relations sociales. Les syndicats patronaux ou les salariés le trouvent sans doute commode, les pouvoirs publics également afin de pouvoir légiférer par catégories d'employés. Quelle vision archaïque ! Ils sont autant de parties prenantes qui sont un peu loin de l'entreprise, de son fonctionnement au quotidien, et surtout de ses évolutions. Il serait bien qu'ils viennent de temps à autre visiter nos PME pour se rendre compte de visu que les choses ont changé.

On pourrait les mettre au défi, après avoir passé une semaine en notre sein, de déterminer qui y est cadre ou qui ne l'est pas, tant la variété des tâches et des responsabilités qui en découlent varient tout au long de la journée : individuelle, collective, managée, manageant… C'est ça l'entreprise agile d'aujourd'hui, celle qui s'oriente vers un management plus ouvert. Pas celle qui cherche à mettre le salarié dans un cadre, où il serait un simple numéro dans une convention collective et où il n'existerait plus que dans une lecture administrative.

Alors, à l'heure où il est de bon ton, après la crise des « gilets jaunes », de vouloir demander l'avis à tout un chacun sur les sujets qui les concerne, osons poser la question aux salariés et aux patrons, notamment dans les PME : le statut de cadre a-t-il encore un sens pour vous ?

Pascal Grémiaux est président et fondateur d'Eurécia.

Pascal Grémiaux




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