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19 octobre 2021

Ces femmes ont de l'ambition pour leurs entreprises... et c'est Normal

Grandir très vite, viser l'international et pourquoi pas l'espace, lever beaucoup d'argent… ces femmes voient GRAND. Rencontre avec quatre entrepreneuses audacieuses, investies dans la conquête spatiale, l'agrotech et la finance.


« Ce n'est pas tant l'esprit de conquête qui nous anime que la quête elle-même. » Ces mots de Claudie Haigneré, première spationaute française à voler à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS), s'appliquent parfaitement à cette force qui anime l'entrepreneuriat féminin : la quête humaine du dépassement de soi, la quête du sens et de ce que l'individu peut apporter au monde.

L'ambassadrice et conseillère auprès du directeur de l'Agence spatiale européenne, était l'une des invitées de la troisième édition de F for Femmes , un événement organisé par Station F le 6 octobre dernier. Une vingtaine d'entrepreneuses de talents dans le spatial, le médical, la finance… y ont témoigné de leurs ambitions. Leurs parcours attestent que les femmes ne craignent pas de sortir de sortir de leur zone de confort et de voir grand !

Investir dans l'espace pour mieux préserver la Terre

« Dans moins de 10 ans, l'Homme installera des lieux de vie sur la lune, ce n'est plus de la science-fiction, s'enthousiasme Hélène Huby. Une toute nouvelle économie va émerger et il faut à tout prix que l'Europe y prenne sa place. C'est le bon moment pour se lancer ou investir dans les startups de l'espace. » Ancienne directrice de l'innovation à Airbus Defence & Space, cette énarque a piloté le projet de mini-lanceur spatial Sparrow chez Ariane- Group.

Hélène Huby a aussi cofondé un fonds de capital-risque, Global Space Ventures , en 2017 et s'est lancée dans la création d'entreprise en cofondant cette année avec cinq autres anciens d'Airbus à Munich The Exploration Company.

Investisseuse dans le domaine de l'espace, Hélène Huby a cofondé The Exploration Company. - Photo Wlad Simitch

L'ambition de cette start-up est de créer le premier véhicule lunaire européen pour vols cargo et habités pouvant revenir sur Terre afin d'être réutilisé, pour 30 % des prix affichés par les startups américaines. The Exploration Company vient d'intégrer TechTheMoon, l'incubateur dédié à la Lune de Nubbo à Toulouse .

Pour l'entrepreneuse, l'exploration spatiale (transport et installation), la gestion des débris de satellites, l'utilisation de l'internet des objets (IoT) dans l'espace et des datas qui y seront recueillies font partie des créneaux d'avenir à investir .

« L'espace n'est pas réservé qu'aux milliardaires américains qui construisent des fusées », lance Barbara Belvisi, a fondé en 2018 Interstellar Lab et a levé 3 millions d'euros en septembre dernier. Cette start-up implantée à la fois à Los Angeles et en région parisienne fabrique des dômes à environnement contrôlé. Ces modules de vie autonomes sont conçus pour fonctionner en boucle fermée (recyclage de l'air et de l'énergie) et permettre la vie humaine et la culture des plantes.

 

Barbara Belvisi a fondé en 2018 Interstellar Lab pour construire des modules de vie autonome pour l'espace. - Photo Wlad Simitch

« Un produit durable et ultraléger qui sera aussi utile pour la vie dans l'espace que pour notre planète, insiste l'entrepreneuse qui travaille avec la Nasa et Dassault Systèmes. La R & D dans le domaine de l'espace permet en effet de prendre du recul sur la consommation de nos ressources naturelles. Les innovations qui en découlent serviront à lutter par exemple contre le changement climatique ou à préserver la biodiversité sur Terre. »

Se focaliser sur le pas à pas pour mener un grand projet

Réduire l'impact des activités humaines sur la planète, c'est un sujet de prédilection pour Aude Guo . « Nous n'avions pas pensé nous investir dans un projet d'aussi grande envergure au départ », confesse cette ancienne de la firme McKinsey. La jeune femme s'est lancée dans l'entrepreneuriat avec un collègue, Clément Ray. Accompagnés de Bastien Oggeri et Guillaume Gras, ils ont créé Innovafeed en 2016.

L'objectif de la start-up est de réduire de moitié l'empreinte carbone liée à l'alimentation animale, qui engloutit la moitié des cultures mondiales. «  Ce domaine nous a paru un bon axe de réflexion afin d'exercer un impact significatif », assure Aude Guo. L'équipe de fondateurs a enquêté, remontant toute la chaîne alimentaire, pour s'apercevoir qu'un élément fondamental de la nourriture animale était sous-exploité alors qu'il avait des qualités nutritives exceptionnelles et que sa production consommait beaucoup moins de ressources naturelles : les insectes, et plus particulièrement les larves de la mouche Hermetia illucens.

 

Aude Guo a cofondé Innovafeed en 2016. Aujourd'hui, la start-up compte plus de 200 salariés. - Photo Wlad Simitch

« Dès la deuxième semaine du projet nous avons jeté toutes les bases concrètes sur le papier, détaille l'entrepreneuse. A quoi ressembleraient les installations, les problèmes principaux auxquels nous serions confrontés, les personnes avec lesquelles nous devions parler, les différentes étapes à compléter, les postes de coûts et de revenus, etc. Cela nous a permis de rendre notre projet plus concret et d'avancer en y allant pas à pas. »

Innovafeed compte aujourd'hui  plus de 200 salariés et produit 7 milliards d'oeufs de mouche par semaine. La start-up a achevé en 2020 la construction à Nesles (Sommes) d'une usine 15.000 m² et a réalisé une levée de fonds de 140 millions d'euros pour en implanter une autre aux Etats-Unis.

S'entourer des meilleurs collaborateurs pour grandir

Christine de Wendel a également levé beaucoup d'argent, avec Victor Lugger et Tigrane Seydoux, cofondateurs des restaurants Big Mamma . Après une carrière fulgurante chez Zalando et ManoMano, cette diplômée de l'Insead a fondé en mars 2021 Sunday.  

Cette start-up parisienne développe une solution de paiement électronique des additions au restaurant, par le biais de QR codes. En cinq mois, l'entreprise a déjà implanté des bureaux à New York, Atlanta, Londres, Madrid, Barcelone et revendique plus de 1.500 restaurateurs partenaires.

 

Christine de Wendel a cofondé Sunday en mars 2021. En 5 mois, l'entreprise a levé 100 millions de dollars et embauché 170 salariés. - Photo Bruno Lévy

Avec déjà 170 salariés, Sunday a annoncé un tour de table de 100 millions de dollars (85 millions d'euros) fin septembre pour soutenir son déploiement à l'international. « Il y a tellement d'argent sur le marché, c'est beaucoup plus facile de lever de l'argent aujourd'hui qu'il y a 10 ans, assure Christine de Wendel, chief executive officer US. Aux Etats-Unis, les rôles se sont renversés et les entrepreneurs sont très sollicités par les fonds. Si vous arrivez à vous positionner sur une tendance à la hausse et à capter de l'argent, c'est possible de concrétiser rapidement un projet à grande échelle. »

Pour l'entrepreneuse, la clef de ce fulgurant succès est avant tout de monter très rapidement la bonne équipe : « Pour les investisseurs, la clef réside dans la confiance et le potentiel de l'équipe. Nous avons recruté les collaborateurs les plus intéressants avec lesquels nous avions travaillé ces vingt dernières années. »

Une fois ce socle établit, « nous nous sommes concentrés à fond sur l'exécution de la vision. C'est une expérience très intense, mais avec les bonnes personnes et si tout le monde est aligné sur la même vision, ce sont de bonnes bases pour aller loin ! » Vers l'infini et au-delà…

ARIANE GAUDEFROY Les Echos Entrepreneurs

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