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Les Echos Start, (iStock)
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05 janvier 2023

Salaire, emploi : les études servent-elles encore à quelque chose ?

 47 % des jeunes de la « génération 2017 » (sortis du système scolaire cette année-là) ont décroché un diplôme du supérieur, mais quel a été l'impact de celui-ci sur leur contrat de travail et leur salaire ? Une vaste étude du Céreq détaille l'utilité des études.


Elle ne sort que tous les trois ans. « L'enquête Génération » du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) se distingue par son exceptionnelle robustesse. Ici, point de sondages réalisés sur 1.024 personnes représentatives de la population française. L'étude Génération 2017 (comme les précédentes) analyse l'insertion sur le marché du travail sur trois ans d'une tranche d'âge, soit pas moins de 25.000 répondants représentatifs des 746.000 jeunes sortis du système éducatif cette année-là. Une exigence de fiabilité qui explique le délai de publication.

Ce préambule passé, que nous apprend cette étude ? 78 % des jeunes de la génération 2017 sont bacheliers, et 47 % ont obtenu un diplôme du supérieur. Neuf jeunes sur dix ont accédé à au moins un emploi durant les trois ans qui ont suivi leur sortie de formation. 64 % de ces emplois sont à durée déterminée et 36 % à durée indéterminée.

Le master roi

Mais ce 90 % traduit des situations très différentes. Pour ceux qui quittent le système scolaire après le baccalauréat, 28 % signent un premier emploi à durée indéterminée. C'est 33 % pour les bac+2. Le chiffre monte à 50 % pour les titulaires d'un master (bac+5). En revanche, le chiffre tombe à 28 % pour les diplômés d'un doctorat. Une situation qui tient à la nature des contrats des recherches, plus précaires.

Datagora

En revanche, le diplôme n'est pas un outil magique. La moitié des jeunes (52 %) qui sortent du supérieur ont connu une période de chômage durant les trois années suivant l'université, soit à peine mieux que la moyenne générale à 59 %.

Seulement à regarder de plus près, le diplôme du supérieur protège du chômage de longue durée. Seuls 11 % de ces diplômés ont passé un an à Pôle emploi, contre 52 % des non-diplômés.

Un salaire croissant avec le diplôme, mais toujours discriminant

Le diplôme est aussi une arme redoutable pour décrocher les salaires les plus élevés. Un jeune diplômé d'un master gagne près du double par rapport à un jeune sans diplôme. Ici, il convient de différencier la rémunération entre hommes et femmes, qui du fait des discriminations et des choix genrés de carrière, accuse un écart important trois ans après l'obtention du diplôme.

Datagora

L'étude du Céreq révèle d'autres différences entre diplômés, moins liées à la carrière qu'à l'autonomie. Toujours trois ans après la sortie du système éducatif, les Bac+5 ne sont que 11 % à être toujours chez leurs parents. C'est encore le cas de 46 % des simples bacheliers, et 70 % des non-diplômés. Une situation qui s'explique par le meilleur niveau d'insertion sur le marché du travail des Bac+5 évoqué plus haut.

L'inégalité d'accès aux diplômes

La prégnance des parents est aussi soulignée à travers l'aide financière apportée aux étudiants. 58 % ont bénéficié de versements de leurs parents. 27 % de la tranche d'âge a dû travailler pendant ses études. Parmi eux, 44 % considèrent que cela a perturbé leur apprentissage, mais 78 % estiment que cela leur a permis d'acquérir des compétences utiles.

L'étude relève aussi les inégalités d'accès au master. Ceux qui ont décroché un Bac+5 en 2017 ont quatre fois plus souvent une mère qui occupe un poste de cadre que les non-diplômés. C'est cinq fois plus pour les mères de doctorants.

Florent Vairet

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