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19 novembre 2022

Le Syndicalisme en 11 dates

Les différentes dates du syndicalisme français


 

1884 : reconnaissance des syndicats

La loi du 21 mars 1884 qui reconnaît les syndicats. Des syndicats existaient déjà, mais leur existence était illégale, leurs membres, leurs militants pouvaient donc être poursuivis en justice. Avec cette loi, qui maintient toutefois l’interdiction pour les fonctionnaires, la répression syndicale sera moins forte.

1895 : naissance de la CGT

Suite à la loi légalisant les syndicats, la constitution d’organisations syndicales va s’accélérer, dans des professions, au niveau national, au niveau départemental, au niveau communal, dans des bourses du travail. Une partie de ces organisations va se retrouver en Congrès à Limoges pour créer la Confédération Générale du travail (CGT) en 1895.

1906 : la Charte d’Amiens

La CGT tient son 9e congrès à Amiens en octobre 1906. Une motion votée lors de ce congrès assigne un double objectif et une exigence au syndicalisme : la défense des revendications immédiates et quotidiennes et la lutte pour une transformation d’ensemble de la société, et tout ceci en toute indépendance des partis politiques, de l’Etat et des patrons. Ce texte, qui sera appelé la « Charte d’Amiens », va marquer l’ensemble du mouvement syndical français.

1936 : Front populaire et réunification syndicale

Réunification entre la CGT et la CGTU en mars 1936 au Congrès de Toulouse. En 1920, suite à la Révolution russe de 1917, des divisions au sein de la CGT avaient conduit à une scission entre un courant voulant soutenir la révolution russe et se liant avec les partis communistes, et un courant voulant conserver son indépendance. La montée des menaces d’extrême droite en France aussi va être un élément de rapprochement dès 1934 entre les deux CGT. En mai et juin 1936 des grèves avec occupation des lieux de travail se déroulent après l’élection d’un gouvernement de Front populaire. Le mouvement syndical et social va largement peser dans le rapport de force en faveur de dispositions législatives favorables aux travailleurs et aux travailleuses. Les accords Matignon vont concrétiser un certain nombre d’avancées sociales.

1940 : les syndicats dans la guerre mondiale

La deuxième guerre mondiale a eu des conséquences sur le mouvement syndical. En 1939 il y a de forts remous au sein de la CGT après l ‘annonce du pacte germano-soviétique. L’arrivée du gouvernement de collaboration dirigé par Pétain dès juin 1940 est suivi de la dissolution des organisations syndicales (CGT et CFTC). Une loi du 4 octobre 1941 met en place un syndicat unique lié à l’appareil d’Etat. Dans la Résistance, des militantes et des militants syndicaux se rapprochent et participent aux travaux du Conseil national de la résistance (CNR). Le programme du CNR (« Les jours heureux ») est adopté le 15 mars 1944. Il comporte une deuxième partie comportant « les mesures à adopter dès la Libération du territoire ». Ces orientations vont, en grande partie, se retrouver dans les mesures prises par les premiers gouvernements de la république restaurée. Ce compromis politique a marqué l’histoire politique, sociale et syndicale du pays pendant plusieurs décennies. En 2015, c’est encore un enjeu politique : le patronat et l’idéologie néo-libérale n’a de cesse de s’attaquer à tout le socle social mis en place à partir de cette orientation générale

1948 : sissions syndicales sur fonds de guerre froide

Suite à la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie, les Etats-Unis et l’URSS se retrouvent face à face. Les USA se présentent en Europe avec les dollars du Plan Marshall, que les soviétiques refusent. Les communistes militent en France pour repousser « l’aide américaine ». Des grèves dures sont engagées par des organisations de la CGT dans certains secteurs et régions. Ceci provoque de très fortes tensions dans l’ensemble de la CGT qui vont conduire à un nouvel éclatement de la CGT. Les minoritaires quittent la CGT pour constituer la CGT-FO en 1948. Dans certains secteurs, le choix de l’autonomie est retenu pour éviter l’éclatement et sauvegarder l’unité syndicale (le principal exemple sera celui de l’éducation nationale où la CGT se transforme en FEN).

1964 : la déconfessionalisation vers un syndicalisme renouvelé

Les 6 et 7 novembre 1964, très majoritairement, les congressistes de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) décident d’abandonner la référence au christianisme dans leur sigle. Cette majorité prend le nom de Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT). Une « CFTC maintenue » constinue son existence. Pendant quelques années, cette nouvelle CFDT va permettre une effervescence de débats et l’émergence de nouvelles conflictualités.

1968 : étudiant-es - salarié-es, de nouveaux droits, de nouveaux débats

Les manifestations des étudiantes et des étudiants sont renforcées par une grève générale plus ou moins initiée par les organisations syndicales. La grève générale va conduire à des discussions entre les directions syndicales et le gouvernement représenté par le Premier ministre, Georges Pompidou. Le relevé de décisions de Grenelle (souvent appelé 'accords de Grenelle') permet un certain nombre d’avancées syndicales et sociales mais sont loin de répondre à la formidable attente de ceux et celles qui se sont mobilisés. Les « évènements » de mai et juin 68 vont marquer une nouvelle génération de militantes et de militants dans différents domaines. Les changements culturels et sociaux seront nombreux (relations entre parents et enfants, entre hommes et femmes, entre enseignants et enseignés, relations entre l’individu et le collectif, etc.).

1973 : avec les Lip, vive l’autogestion

Le conflit « des LIP » est la marque d’une période de luttes syndicales et sociales fortes, imaginatives et créatrices nées dans la continuité de mai 68. Ce conflit illustre la volonté d’autonomisation des luttes jusqu’à une tentative d’autogestion d’une entreprise occupée par ses travailleurs et ses travailleuses. Ces luttes vont percuter les organisations syndicales « traditionnelles ».

1978 : le recentrage de la CFDT

En 1978, la CFDT va officialiser un recentrage sous couvert de resyndicalisation (qui constitue par ailleurs une question réelle). Cela va l’amener progressivement à tenir une position systématiquement conciliante dans ses rapports avec le patronat et le gouvernement. Pour les responsables confédéraux, il s’agissait de mettre fin à la période de débat et d’expérimentation sociale qui marquait la CFDT depuis plus d’une dizaine d’années, et va exacerber les tensions avec les collectifs militants qui étaient les principaux représentants de ces pratiques. Beaucoup d’entre eux seront, ultérieurement, à l’origine de la création de différents syndicats SUD et Solidaires.

1981 : arrivée de la gauche au pouvoir...

L’élection d’un Président de la République « de gauche » suivie de l’élection d’une majorité parlementaire PS / PCF conduit à la mise en place d’un gouvernement qui va apparaître pendant un peu plus d’un an comme en rupture avec les politiques précédentes. Des mesures sont prises qui vont améliorer la situation des salariés (augmentation de 10 % du SMIC ; augmentation du traitement des fonctionnaires, des allocations familiales et des prestations sociales ; annonce de créations d’emplois dans les administrations et les services publics ; etc.). En matière de liberté, des progrès sont réalisés : suppression de la Cour de sûreté de l’Etat et abolition de la peine de mort. La situation des organisations syndicales, particulièrement dans les entreprises, dans les administrations et les services publics, est améliorée. Mais l’absence du mouvement syndical, et l’absence plus générale de toute intervention des travailleurs et des travailleuses, a contrario de ce qui s’est passé en 1936, va peser et pèse encore en 2015, sur l’effacement du mouvement syndical. Le débat est bien celui de la primauté du mouvement syndical, son autonomie et son indépendance, ou de la primauté des forces politiques pour mettre en place un changement social, les organisations syndicales n’étant plus alors que des forces de connivence.

 

 

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Commentaires

2 Commentaires

Jean-Marie DELADERRIERE (TARBES 4)
Il y a 1 an
Bonsoir. Il aurait pu être mentionné deux aspects:
- en 1944, la création de la CGC qui s'adresse aux cadres (Voir son histoire sur Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9d%C3%A9ration_fran%C3%A7aise_de_l%27encadrement_-_Conf%C3%A9d%C3%A9ration_g%C3%A9n%C3%A9rale_des_cadres)
- le fait que les organisations syndicales ouvrières ont aussi un branche "Cadres"
Patrice BREQUE (TARBES 14)
Il y a 1 an
Je "plussoie", d'autant plus depuis la remise en cause du statut cadre.

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