Mon fils, Régis Bruant Jr (44), moi-même, Régis Bruant (13), accompagnés de membres de la famille et de quelques amis, avons embarqué à Tahiti fin mars 2025 à bord d'un catamaran de 82 pieds en direction des Philippines. Durant notre périple de 11 000 km nous avons couvert la moitié ouest du Pacifique soit un quart du globe.

Nous avons dépassé successivement Bora-Bora, les îles Cook, les Samoa, les Fidji, Vanuatu, les îles Salomon, l’Indonésie, avant de jeter l’ancre à Subic aux Philippines, notre destination finale. Pas d’escale en Australie, trop compliqué, ni en Papouasie Nouvelle Guinée, ça craint de trop.

 Il y a eu entre 5 et 12 personnes à bord, en fonction des escales. Comme le voilier dispose de 13 cabines, nous ne sommes pas à l'étroit. Nous avons bénéficié des alizés du sud jusqu’à l’Indonésie avant d’entamer la remontée sur les Philippines. Nous marchons aux moteurs lors des calmes, nous avons dû embarquer 6 000 litres de diesel à ce propos. Le défi consiste à éviter les typhons. Bien que nous soyons en fin de saison cyclonique dans l'hémisphère sud, la saison des typhons commence au mois de mai dans l'hémisphère nord. La fenêtre de tir est étroite, c'est celle que nous visons.

La nuit, seul à la barre le voilier glisse, c’est le quart le plus agréable… quand le temps est calme.

Escale aux Vanuatu

Comme le titre ne l’indique pas, il ne s'agit pas d'un voyage d'agrément, mais d'un convoyage. Mi-mars, mes fils et moi-même avons acquis un Mojito 82, un catamaran alu de 82’ qui sera rebaptisé Fairwind 82. La société Fairwind Fleet Corp., montée aux Philippines pour l'occasion par mon fils Jr, l'exploitera aux Philippines comme "dive liveaboard" (croisière-plongée) dès la fin de l'année. Un dive liveaboard est un voyage où les clients embarquent pendant plusieurs jours pour pratiquer la plongée sous-marine. Cette activité nous est familière : nous gérons depuis dix ans deux complexes balnéaires – le premier monté par mes soins, le second par Jr. 

Regis Sr et Regis Jr.

La photo a été prise lors du passage de la ligne de changement de date entre les Samoa américaines et les Samoa.

Il faut bien manger

et entretenir

L’on passera sous silence la foudre reçue, quel meilleur paratonnerre qu'un mât de 34 m en alu posé sur une coque aussi en alu, l’enrouleur de génois qui se bloque à l’approche d’un coup de vent, les corps morts qui chassent lors de coups de vent au port, l’oiseau qui se niche en haut du mat bloquant la girouette et l’anémomètre etc.

Le bateau est maintenant immobilisé pour plusieurs mois pour une importante refonte afin de l’adapter à notre business model : mise aux normes, réaménagement intérieur, ajout de compresseurs de plongée, de groupes électrogènes, réfection du circuit électrique etc. Mais c’est l'affaire de la Fairwind Fleet Corp.

Le convoyage aura duré trois mois. Pour ma part, j’ai débarqué aux Samoa pour laisser la place aux jeunes. Le capitaine Regis Jr s’est pastillé la totalité du convoyage, après tout, c’est son projet. C’était un peu gonflé, même pas qu’un peu au vu de nos CV respectifs, mais c’est passé et maintenant on peut dire : "Mission accomplie !"

La carte du parcours

Hors voyage une vue sur l'entreprise : un projet financièrement important pour nous.

L'acompte de 10% pour l'achat du voilier a été versé le 20 janvier 2025. La mobilisation qui s’en est suivie a été très intense pour réunir la coquette somme nécessaire, le solde devant être réglé sous deux mois. Un tel montant ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval, le défi résidant surtout dans le délai très court imparti. Nous y sommes parvenus en vendant une maison en urgence et après avoir déposé une demande de financement auprès des banques. Des prêts relais ont bouclé le financement en attendant que ces branleurs de banquiers débloquent les fonds.