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ENIT Alumni
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27 juin 2023

Expatriation 9 ans en Bavière

En 1988 après 3 ans au bureau d’étude d’une PME de la région orléanaise, développant et produisant des systèmes de manutention automatisés (chariots autoguidés, trans-stockeurs, convoyeurs, ponts,..), Bendix Electronics (société d’électronique automobile, anciennement RENIX filiale de Renault) à Toulouse me propose le poste de responsable de la sous-traitance des moyens de production au sein des méthodes industrielles. Au-delà de l’intérêt du poste je l’accepte car il me permet de retourner dans le sud-ouest dont je suis originaire et en rejoignant une entreprise américaine il m’ouvre la possibilité de m’expatrier quelques années aux USA.....


Malheureusement mon espoir américain va s’envoler très rapidement car 3 mois après mon arrivée la société Bendix Electronics est rachetée par Siemens (société allemande), au bout de deux ans je prends la responsabilité de la mise en place le premier système de traçabilité informatisé de la production des ABS (la traçabilité était jusqu’à la réalisée par des fiches suiveuses attachées aux produits…), une fois le système en production je crée le service d’informatique de production en charge de l’automatisation des moyens de production (identification automatique, lignes flexibles d’assemblage, supervision d’atelier…), 2 ans après la direction recherche des candidats pour aller  au siège Allemand à Regensburg en Bavière  pour améliorer les relations entre les 2 entités, le chef de service des Méthodes Produits (un ancien ENIT qui se reconnaitra) est sur le point de partir mais au dernier moment l’opération est annulée, c’est alors que les RH retrouve dans mon dossier le souhait d’expatriation exprimé à l’embauche et donc me proposent de partir …. en Allemagne (et non pas aux USA), j’en parle à mon épouse qui n’avait aucune notion d’allemand et était plutôt réluctante. Mais après plusieurs semaines de discussions familiales et professionnelles nous décidons d’accepter.

Nous voilà donc partie à apprendre l’allemand, et à préparer notre déménagement. En juillet 1992 nous partons en reconnaissance pour trouver un logement, une maternelle pour nos enfants et faire un stage intensif d’allemand. Regensburg est une très belle ville moyenne de 120.000 habitants en Bavière, c’est la ville la plus au nord sur le beau Danube (qui n’est pas bleu à cet endroit) entre Munich et Nüremberg. Ville qui est aussi connue en France sous le nom de Ratisbonne et qui a vue passer Napoléon en 1809 où il fût blessé au pied. En septembre 1992 l’installation se passe très bien nous avons trouvé une maison dans un hameau en banlieue de Regensburg, l’accueil fut très bon malgré les barrières de la langue non pas que notre niveau d’allemand soit mauvais mais nous n’avions aucune notion de bavarois ….. dialecte très usité dans la région y compris au sein de l’usine.

Même si nous n’étions qu’à 1500km de Toulouse, de nombreuses différences nous ont marquées tout d’abord,
la météo avec des hivers très rigoureux, le culte de l’argent liquide, moi qui réglais tout par carte bancaire en France j’étais perdu car elle n’était pratiquement pas accepté et Regensburg ne comptait qu’un seul distributeur de billets. Le culte de la voiture au-delà de l’absence de limitation de vitesse sur la majorité des tronçons d’autoroute, elles étaient toujours très bien entretenues et très propres (à l’exception de quelques Trabies que l’ouverture du mur de Berlin avait libérées). Un retard marqué sur la position de la femme dans le société allemande (la priorité des 3 K, Kinder, Kirche, Kuchen, enfants, église, cuisine.. !!), mais une avance notable dans le recyclage et le triage de déchets domestiques, le nombre incroyable de pistes cyclables (urbaines et périurbaines) et de places de jeux pour les enfants, et bien sûr le nombre impressionnant brasseries.

Nos enfants qui avaient alors 4 ans et demi n’avaient école que le matin, ils ont dû apprendre l’allemand sur le tas par immersion complète, nous étions inquiets car ils ne parlaient pas beaucoup mais l’institutrice nous a rapidement rassuré, l’intégration se passait plutôt bien et au bout de 3 mois nous avons entendu les premiers échanges en allemand et à notre retour au bout de 2 ans ils ne parlaient qu’allemand entre eux…. Pour mon épouse qui avait pris un congé sabbatique les journées étaient bien remplies, comme très peu de femmes travaillaient elle s’est rapidement fait des amies notamment des parent d’élèves, les cours d’allemand  et les après-midi étaient consacrée à nos enfants, sport, cours de français à distance avec le CNED,..

Quant à moi, en travaillant, l’intégration fut plus facile, j’étais au département des méthodes en charge de projets d’informatisation des lignes de production, je me suis efforcé de parler allemand dès le début ce qui a été très apprécié (même si je faisais pas mal de fautes). J’ai profité des traditions de l’industrie allemande, le "brotzeit" vers 10h pause petit déjeuner bière, bretzel, boudin blanc,.. la célébration systématique des anniversaires, les glaces en dessert été comme hiver.

J’ai aussi apprécié la rigueur allemande le respect des décisions prises (bonnes ou mauvaises, parfois difficile pour un français qui aime remettre en cause…, la ponctualité (oublié le quart heure toulousain), le respect des horaires de travail, à 16h30 il n’y avait plus personne au bureau.. Lors de rencontres en dehors du travail il était hors de question de parler boulot….

 

Les allemands apprécient beaucoup la France pour sa richesse culturelle, sa gastronomie, son bien vivre (d’où le proverbe : « Leben, wie Gott in Frankreich » – vivre comme dieu en France). Mais au niveau de la rigueur ils nous classent juste après les italiens …

En terme de gastronomie c’est assez rustique et nourrissant, en Bavière on mange beaucoup de porc, de pomme de terre et de choucroute (pas l’alsacienne), on a apprécié le sandre, le jarret de porc grillé, les bretzels et la bière car les vins rouges de la région ne font pas référence.

Nous avons beaucoup voyagé en Bavière, en République Tchèque toute proche, en Slovaquie, Hongrie, Pologne, et en Autriche pour ses incroyables stations de ski entre autre. Nous avons aussi fait d’innombrables balades en vélo de biergarten en biergarten…. La convivialité des tavernes et des biergartens n’a pas d’équivalent en France, les gens s’installent à coté de vous et entament immédiatement la conversation, personne ne reste seul à une table.

Un de mes collègues avait édité un petit livre sur la très belle ville de Regensburg qu’il m’a demandé de traduire en français, Regensburg est devenue ma deuxième patrie.

Les 2 ans de mon contrat d’expatriation se sont passés très vite, après de nombreuses interrogations sur mon poste de retour à ma plus grande surprise on m’a proposé de reprendre le département de l’organisation,
des systèmes d’information (DOSI), voilà comment j’ai basculé dans l’informatique et l’organisation.

Ce fut une excellente expérience professionnelle et familiale, nous avons toujours de amis à Regensburg et lorsque 4 ans plus tard une nouvelle opportunité de
partir en Allemagne se présenta, toute la famille a … cette fois … sautée de joie, ce sera pour 3 ans pour la famille et 7 ans.

En conclusion, cette expérience internationale a été une formidable aventure, personnelle, familiale et professionnelle, elle m’a ouvert sur une autre culture et a été un tremplin pour toutes les étapes suivantes de ma carrière. N’hésitez pas à vous lancer et surtout ne négligez pas les langues étrangères durant votre scolarité comme j’ai pu le faire… ma vie aurait été beaucoup plus facile… mais avec de la volonté de la persévérance ont peut y arriver.

 

Voilà comment un rêve Américain est devenu Allemand…

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