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18 avril 2023

Expérience aux US : Bernard VEYSSIERE (9)

Un gout affiché pour l’anglais et quelques missions ponctuelles à l’étranger, il me fut proposé un poste en expatriation aux États-Unis. Je devins responsable de la mise en place et de l’animation d’un réseau de distribution de pièces rechanges ainsi que d’un réseau de maintenance de nos produits sur tout le territoire nord-américain.

Ce fut l’une des expériences professionnelles et personnelles les plus riches et les plus captivantes de ma carrière.


Il n’est pas facile de se faire une place en entreprise pour qui veut vraiment réussir. Les postes à fortes responsabilités sont peu nombreux. La concurrence est rude. La compétence technique, l’engagement, le dévouement et l’ardeur au travail parfois ne suffisent pas pour avancer comme on l’entendrait. On peut compter sur la chance bien sûr. Être présent au bon endroit, au bon moment. Mais la chance ne s’attend pas. Elle se prépare. En fait vous êtes vraiment responsables de votre carrière et de votre destinée. Il vous faut présenter des atouts personnels qui vont faire la différence et vous positionneront avantageusement dans une compétition sans concession.

L’expérience que je vais relater est celle que j’ai vécue à la SOCATA, filiale à l’époque du groupe Aérospatiale puis du Groupe EADS et qui a ensuite été rachetée par DAHER.

Suite à un gout affiché pour l’anglais et quelques missions ponctuelles à l’étranger, il me fut proposé un poste en expatriation aux États-Unis. Je devins responsable de la mise en place et de l’animation d’un réseau de distribution de pièces rechanges ainsi que d’un réseau de maintenance de nos produits sur tout le territoire nord-américain.

Ce fut l’une des expériences professionnelles et personnelles les plus riches et les plus captivantes de ma carrière. Un nouveau pays avec une culture et des coutumes différentes, une population à découvrir, une langue à maîtriser.

J’étais le seul représentant de l’entreprise sur place. Je disposais d’une assistance technique à distance depuis la France, d’une liberté et d’une autonomie presque totales dans toutes mes actions. La rencontre avec les clients utilisateurs de nos produits me permit de transmettre à l’usine en France une perception client souvent ignorée ou refoulée par l’usine toujours convaincue de fabriquer le meilleur produit au monde. La réaction des bureaux d’études était souvent que si l’utilisateur rencontrait des problèmes avec nos produits, c’était qu’il ne savait pas s’en servir. Il s’en suivit cependant quelques modifications dans la conception et la fabrication.

Ce fut l’occasion de faire évoluer les mentalités, de renforcer les notions de «Clients» et de « services » très développées aux États-Unis, souvent sous-évaluées en France mais que l’aéronautique plaça vite par nécessité en tête de ses objectifs prioritaires.

La mission qui était d’une année à l’origine se prolongea sur deux, puis sur trois ans. Les conditions matérielles étaient celles d’un expatrié, logement et voiture de fonction, école payée pour les enfants. Ces avantages en nature, certes substantiels, ont cependant eu pour conséquence durant toute ma mission à l’étranger de limiter mes évolutions de salaire et je conservais longtemps une fois revenu en France un handicap sur ce plan que je mis des années à résorber.

Le retour en France dans une structure et une hiérarchie bien établies fut délicat, ce qui est généralement le cas pour la plupart des expatriés. La perte de l’autonomie tant appréciée, des responsabilités limitées et strictement encadrées, une sédentarité obligée rendent la réintégration difficile. La structure de l’entreprise durant mon absence avait évolué et ne m’avait pas attendu. Mon retour n’était pas réellement programmé et tous les postes qui pouvaient m’intéresser étaient occupés. Il me fallut donc patienter mais l’expérience acquise, la connaissance des forces et des faiblesses de l’entreprise vues par les clients, la maîtrise de la langue anglaise et mon ambition toujours intacte me permirent à relativement court terme d’accéder aux postes convoités.

Cette mission à l’étranger fut un atout majeur dans l’évolution de ma carrière. Elle facilita mon accession au comité de direction de l’entreprise puis me permit de rejoindre le Groupe EADS à la direction centrale de la qualité au poste de « Vice-Président Qualité ». Le Groupe EADS est une multinationale implantée dans plusieurs pays, dont les marchés sont mondiaux et qui active un réseau de sous-traitants souvent partagé avec les autres constructeurs aéronautiques de la planète. Des normes internationales communes sont établies pour standardiser les procédés utilisés et maitriser ce réseau au meilleur coût. L’anglais est partout, incontournable.

L’anglais aujourd’hui n’est plus une option depuis longtemps. C’est la langue parlée au quotidien dans l’environnement d’Airbus et une expérience en expatriation est maintenant exigée depuis déjà plusieurs années pour accéder aux postes importants. Il ne suffit plus d’avoir un simple niveau scolaire. Une pratique courante est devenue absolument nécessaire.

Bernard Veyssière (9)

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