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Source : Courrier Cadres.
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06 octobre 2022

La théorie des biais cognitifs.

Ceux-ci représentent une sorte de déformation de la pensée, induite par le fonctionnement « naturel » du cerveau et influençant nos manières de traiter les informations et de prendre nos décisions.

Les études et recherches scientifiques ont décompté plus de 200 biais cognitifs communs à tous les individus. Voici les plus courants dans le monde de l’entreprise.


Définition du biais cognitif

C’est au début des années 70 que les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky ont formalisé la théorie des biais cognitifs. Ceux-ci représentent une sorte de déformation de la pensée, induite par le fonctionnement « naturel » du cerveau et influençant nos manières de traiter les informations et de prendre nos décisions.
En clair, en présence d’un biais cognitif, notre cerveau se retrouve « tronqué », nous faisant agir de manière subjective et irrationnelle. Les biais cognitifs ayant des conséquences sur la prise de vos décisions, il est essentiel de les reconnaître et de les combattre, pour rester le plus objectif possible, notamment dans le monde de l’entreprise. Voici les principaux biais.

 

Le biais d’ancrage – L’erreur : la première information est toujours la bonne
Le biais d’ancrage consiste à ressentir un fort sentiment d’enthousiasme, d’appartenance ou de validation pour la première information (ou idée) qui arrive à nous, faisant de celle-ci la référence pour toutes les informations suivantes. En clair, nos décisions seront généralement prises en fonction des toutes premières informations que nous obtenons sur le sujet concerné.

Ce biais a des conséquences au quotidien. Par exemple, lors d’une réunion avec un brainstorming, les premiers collaborateurs à apporter leurs idées auront fréquemment une longueur d’avance sur les autres, récoltant plus de soutien et d’enthousiasme. Vous-même en tant que manager aurez tendance à naturellement approuver les collaborateurs ayant émis leurs hypothèses et avis en premier au sein d’un groupe.

 

L’effet de halo – L’erreur : la première impression est toujours la bonne
Le biais d’ancrage fait écho à un autre biais appelé l’effet de halo. Celui-ci consiste à se référer à sa première impression d’une personne ou d’une situation, alors même que notre cerveau construit (en quelques secondes) son interprétation à partir d’informations totalement sélectives et personnelles (et donc irrationnelles).
En entretien ou lors de rencontres, l’effet de halo aura tendance à disculper une personne en quelques secondes, alors même qu’elle serait parfaitement adaptée à la situation pour laquelle nous la jugeons.

 

L’effet Dunning-Kruger- L’erreur : nous maîtrisons le sujet
L’effet Dunning-Kruger est un biais qui consiste à surestimer ses compétences. Ce biais touche souvent les débutants qui, ne connaissant pas encore l’ampleur de la matière à laquelle ils s’adonnent, se pensent plus qualifiés qu’ils ne le sont en réalité. Dans les faits, l’effet de confiance augmente au démarrage d’une mission avant de diminuer naturellement avec le temps et les difficultés rencontrées.

 

L’effet Dunning-Kruger/Google – L’erreur : ce que je cherche sur Google correspond à une vraie réflexion de ma part
L’effet Dunning-Kruger est renforcé avec l’utilisation des moteurs de recherche. En effet, des travaux récents publiés par Adrian F. Ward, professeur à l’Université d’Austin, ont révélé que l’immédiateté des réponses aux questions que nous posons dans un moteur de recherche provoque un biais cognitif de surévaluation des compétences. En clair, notre cerveau confond ce qui provient d’une simple requête (0,5 seconde pour obtenir l’information) de ce qui provient d’une véritable réflexion ou d’un recours à la mémoire. Moralité : avec l’effet Dunning-Kruger appliqué à Google, nous nous sentons plus cultivés et réfléchis que nous le sommes en réalité.

 

L’effet Pygmalion, le biais positif à connaître pour manager
L’effet Pygmalion est le biais intéressant pour les managers. Il s’agit du biais par lequel une personne va croire le jugement qu’on lui accorde au point de modifier son comportement en ce sens. En clair, croire dans les compétences d’un individu (et le lui signifier) va entraîner une pensée positive de la part de ce dernier, avec une augmentation naturelle de ses performances. L’effet Pygmalion étant directement lié à l’estime de soi, il s’agit d’un pilier de la réussite. L’effet Pygmalion marche sur les autres, mais aussi sur soi-même : croire en sa réussite contribue à sa réussite.

 

Le biais de statu quo – L’erreur : préférer une situation insatisfaisante à une situation inconnue
Le biais de statu quo est directement lié à la peur de l’inconnu. Ce biais nous incite à préférer une situation que nous connaissons à une nouvelle situation, malgré sa pertinence. Combattre ce biais est très difficile, il s’agit de réaliser notre peur du changement et d’essayer de comprendre pourquoi nous ressentons une telle peur, quels sont les éléments qui nous effraient inconsciemment (ou consciemment) dans la nouvelle situation.

Ce biais de statu quo est relié à un autre biais appelé l’effet de dotation. L’effet de dotation est un biais par lequel les individus accordent plus de valeur à un objet qui leur appartient par rapport à un objet identique et de même valeur qui ne leur appartient pas (Dans un achat immobilier, par exemple, vous aurez tendance à surestimer votre propre maison et à sous-estimer la valeur de maisons équivalentes). Le biais de statu quo est ainsi renforcé par l’effet de dotation, nous maintenant perpétuellement dans une situation, sans même réfléchir à une amélioration.

 

Le biais de confirmation – L’erreur : prendre uniquement en considération les informations qui nous arrangent
Encore un biais très courant dans le monde de l’entreprise, à combattre notamment dans les situations de débats et d’argumentations : il s’agit du biais de confirmation. Le biais de confirmation consiste à prendre une décision en tenant compte des informations qui confirment nos propres croyances, mais en ignorant (ou discréditant) les informations qui contredisent nos croyances. Le cocktail parfait pour une décision totalement subjective.

 

Le biais de présentation – L’erreur : se laisser manipuler par les chiffres
Enfin, le biais de présentation consiste à être influencé par la manière dont sont présentés des résultats d’études, des informations ou encore des chiffres.  Le biais de présentation peut nous mener à valider ou invalider un même projet, simplement à partir de la présentation qui en est faite (par exemple : présenter « le taux de réussite est de 49 % » vs « le taux d’échec est de 51 % »). Ce biais est très connu des publicitaires et copywriters qui poussent à l’achat, simplement par leur manière d’aborder un sujet.

 

Comment éviter les biais cognitifs
Les biais cognitifs étant naturels et communs à tous, ils sont identifiables, mais restent difficiles à combattre. Le meilleur moyen d’éviter les biais lors d’une prise de décision est de prendre le temps de la réflexion, de lister les éléments qui influencent vos choix et de vous baser au maximum sur des faits. Analysez a posteriori ses prises de décision est également un exercice bénéfique pour vous améliorer.
Pour en savoir plus, consultez notre article : Comment prendre les bonnes décisions en éliminant les parasites


 

Lire la vidéo d'Olivier Sibony : 

"Comment éviter les biais cognitifs pour prendre la bonne décision ?"

Ressources documentaires : https://www.usabilis.com/definition-biais-cognitifs/ 
https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2105061118

 

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