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01 septembre 2022

Mix énergétique: l'embarras du choix

Publié par Daniel Richet, Chief Executive Officer at Cetim | Divers

 Alors que le prix des énergies fossiles flambe et que la notion de souveraineté devient prépondérante, la question du mix énergétique à adopter est-elle réellement cruciale ? Bien-sûr, mais à la condition de passer après celle de la sobriété !


 « Aujourd’hui on vient nous voir souvent pour des besoins de reporting environnemental qui devient un élément clé du reporting global des entreprises et de leurs relations avec leurs parties prenantes. Leurs investisseurs, leurs clients, leurs employés leur demandent des comptes sur leur sobriété énergétique et ils ont besoin d’avoir des éléments sur ce point », témoigne Laurent Laparra, président d’Eco-Adapt, une jeune pousse spécialisée dans la maitrise des consommations énergétiques. « Depuis mars 2022, il y a une accélération folle à cause du prix de l’énergie. Les industriels ont bien compris qu’à très court terme, on ne pourra pas révolutionner le mix énergétique et qu’il faudra donc jouer sur les économies d’énergie. » Côté grands groupes, décarboner les usines, partout dans le monde, devient une priorité. Des investissements parfois prévus à moyen terme sont lancés sans attendre. « Récemment, un membre du comité exécutif d’une grande entreprise me confiait qu’ils n’ont jamais été aussi vite dans le changement de leurs modes de consommation d’énergie », déclare Eléonore Blondeau, présidente du CSI.

Temps long et temps court

Pour Laurent Laparra, tout est une question de temporalité. « Il y a le très court terme avec la recherche d’économies rapides. Mais on ne fera pas plus de 5 à 10 % avec ça. Ensuite, il y a le moyen terme, on va orienter des investissements vers tel ou tel type de source d’énergie. Le très court terme peut se faire en 5, 6 mois. Dans du moyen terme, 2 à 3 ans, on peut équiper son site d’ombrières photovoltaïques, on peut commencer à autoconsommer et définir le prix de l’énergie sur 20 ans car c’est le temps d’amortissement de ces investissements. Si on veut aller plus loin, il y a d’autres dispositifs et d’autres technologies. Ces projets de long terme appartiennent aux institutions, à l’État notamment », explique-t-il.

La récupération ? « On peut la faire sur les machines tournantes et aussi sur les procédés thermiques : récupérer de la chaleur issue d’un groupe froid ou d’un compresseur. Il y a même des dispositifs mis en œuvre par l’Ademe et le système des CEE qui encouragent l’investissement et ça fonctionne plutôt bien. On a des clients qui vont utiliser la chaleur latente de leurs fours sidérurgiques pour chauffer leur ville », témoigne Laurent Laparra.

Quelle énergie choisir pour le futur « Aujourd’hui on sait qu’il y a des sources d’énergies qu’il faut bannir de notre mix », déclare Eléonore Blondeau. En premier lieu, évidemment, les énergies issues du pétrole. Quid du nucléaire ? « Il a clairement une valeur ajoutée sur la décarbonation mais il y a un challenge sur les déchets », note-elle. Mais « un chef d‘entreprise n’est pas censé être énergéticien. C’est pour ça qu’il a besoin d’accompagnement, d’experts pour lui dire quel est le bon mix énergétique pour son entreprise, où sourcer cette énergie, s’il doit la produire lui-même ou l’acheter à un tiers, sur une échelle nationale ou internationale », déclare-t-elle.

La question du stockage est déterminante Pour la présidente du CSI, le mix doit être régionalisé. « Il n’y aura pas une seule solution. Chaque continent doit adapter son mix à ses besoins territoriaux. Chaque entreprise aussi, parce que, selon l’activité, on n’a pas besoin des mêmes énergies ». Et pour mener cela à bien, « les collectivités doivent reprendre conscience du rôle qu’elles ont dans le redéveloppement de leur territoire. Il faut revoir complétement l’aménagement du pays au niveau de chaque métropole et de chaque région et imaginer des boucles vertueuses à l’échelle de 30 minutes. » Pour le prédisent d’Eco-Adapt, il faut aussi des choix fermes. « Les technologies existent pour changer de source d’énergie. Ce qui manque aux industriels pour lancer des investissements de millions, voire de dizaines de millions d’euros, qui vont les engager sur des décennies, c’est de la visibilité. Si tous les ans on change de cap, on va rester sur du statu quo et on va rater la transition énergétique», déclare-t-il. Autre point crucial : « les réseaux de transport et de distribution. C’est le sujet qu’on risquerait d’oublier et c’est un vrai goulot d‘étranglement sur la transition énergétique. » La solution passera sans doute par la question du stockage. « C’est le Graal. Celui qui arrivera à craquer ce sujet arrivera à régler le problème, lance le président d’Eco-Adapt. Si on place des panneaux photovoltaïques sur des endroits très ensoleillés, il suffit de quelques centaines de kilomètres carrés pour subvenir aux besoins du globe. Si on sait convertir l’énergie générée en matière stockable et transportable, et que l’on peut ensuite la transporter et la distribuer, on a résolu le problème. Aujourd’hui, on n’a pas de solution viable. Il y a énormément de recherche et de capital investis sur le domaine, mais il est difficile de savoir si on va craquer ce sujet et surtout quand. »

 

Rédigé par Daniel Richet, Chief Executive Officer at Cetim, 23 août 2022

Auteur

Daniel Richet, Chief Executive Officer at Cetim

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