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18 juin 2019

Entretien avec Michel Bianco

 Michel a créé son entreprise à 57 ans après être passé par le lycée Jean Dupuy, L’ENIT, et les différentes responsabilités importantes dans le groupe AIRBUS, comment en est-il arrivé à prendre cette décision?


 

Entretien avec Michel BIANCO  -  (11)

 

Bonjour Michel

Toi qui a créé ton entreprise à 57 ans après être passé par le lycée Jean Dupuy, L’ENIT, et les différentes responsabilités importantes dans le groupe AIRBUS, comment en es-tu arrivé à prendre cette décision. Je te remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions pour nous raconter ton histoire.

Après le lycée technique Jean Dupuy à Tarbes, qu’est ce qui t’as poussé à faire l’ENIT ?

En 73, c’est un peu paradoxal, si j’ai été reçu au concours de l’ENIT, je n’ai pas eu le Bac, donc c’était la seule école que je pouvais intégrer ; obligation m’ayant été faite d’avoir le Bac en fin de 1ere année, je l’ai eu et j’ai pu continuer le cursus.

Tu es sorti en 1977 et tu fais partie de la promo 11. As-tu eu des difficultés pour trouver le premier job ?

 J’ai été embauché avant la fin de mes études. J’avais postulé pour un job d’été à la Compagnie Française des Convoyeurs (Lagny – 77) sur un chantier à Bazet (65), et après entretien, j’ai été carrément recruté pour démarrer au 1erjuillet ; (j’ai dû négocier pour pouvoir faire le voyage de fin d’études…), donc ce fût au 1eraout.

Qu’as-tu fait à la suite de cette première embauche. Quels Métiers, Quelles évolutions, Quelles responsabilités ?

J’ai rapidement ‘étouffé’ en Région Parisienne, et cherché à revenir dans le Sud-Ouest. Début 79, j’ai été embauché chez Aquitaine Béton Moulés à Langon (33) aux Achats.

A la mi-79, la SNIAS a réouvert les embauches (suite à l’arrêt de Concorde), et grâce à un ENIT, j’ai postulé dès le début et j’ai rejoint l’usine de Saint Eloi à Toulouse début 80, aux Achats/sous-traitance.

Cela a été le début de mon parcours, jusqu’en 2011, au sein du groupe Aérospatiale, puis AIRBUS et EADS.

81-89 – GIE AIRBUS INDUSTRIES Achats aux partenaires industriels du GIE,

90-93 – SOCATA                     Direction de l’après-vente (mise en service du TBM 700)

94-96 – GIE SATIC                   Direction des achats de l’avion BELUGA

97-2004 - SOGERMA              Direction commerciale Toulouse (entretien/modifications avions commerciaux et aménagements cabines avions VIP) avec en 2001, 1 an aux USA pour créer une filiale SOGERMA.

2005-2006 - Création d’une filiale EADS au QATAR.

2007-2011 - EADS FRANCE    Direction Stratégie et Projets Internationaux (Chine, Moyen-Orient, Lybie…)

Fin 2011, je négocie mon départ d’EADS et crée ma société de conseil MBDEV SASU

As-tu connu des difficultés dans tout ce parcours et as-tu connu la case chômage ?

Aucunes difficultés dans ce parcours, mais de vrais challenges. Je suis curieux, à la recherche de l’innovation et toute nouvelle expérience me motive. J’ai choisi ou forcé les opportunités qui se présentaient par envie plutôt que par besoin. Et je n’ai pas connu la case chômage.

Comment en es-tu arrivé à ce choix de créer ta propre société à 57 ans ?

A 57 ans, dans un grand groupe comme EADS, on fait déjà partie des dinosaures, mais je voulais faire autre chose avant la retraite. Malgré les avis négatifs, j’ai décidé de faire le pas en négociant mon départ d’EADS, avec une charge de travail pour une année. Le risque était somme toute mesuré, et en 2012, j’ai donc mené mon activité libérale pour EADS, en développant mon propre portefeuille clients.

Je suis également devenu actionnaire de la société BLEUJOUR pour aider au développement industriel de l’ordinateur KUBB.

En 2014, suite à un AVC, j’ai arrêté le pilotage avion, mais voulant rester proche de l’aéronautique, j’ai créé une activité d’inspections par drones (ouvrages, bâtiments, photovoltaïque,…) pour le compte d’experts et assureurs.

C’est une activité en fort développement, même si je lève un peu le pied maintenant.

En parallèle, je contribue à soutenir deux TQ’s dans leur développement de business.

Quelle satisfaction en tires-tu ?

J’ai eu une plutôt belle carrière je crois ; pour un fils d’immigré, j’ai fait plus que ce que j’espérais, et lorsque j’ai enfin créé mon entreprise, je me suis senti libéré du carcan de salarié, encore capable de réaliser mes projets personnels. Et j’ai également découvert le plaisir de pouvoir dire NON. 

J’aurai dû le faire plus tôt, mais le confort d’un grand groupe a retardé le passage à l’acte.

Quels conseils donnerais-tu à un ENISARD qui voudrait faire de même ?

Je pense qu’il faut oser, ne pas avoir peur de suivre ses envies, et qu’il faut savoir prendre des risques mesurés.

Créer une entreprise est une autre existence : il vaut probablement mieux le faire jeune, en sortant de l’école ou avant 40 ans. Malheureusement, l’école n’y prépare pas bien, orientant selon moi, davantage vers le salariat que la création d’entreprise. Pourtant, avec le recul, je pense qu’il est bien plus jouissif de créer son propre emploi que de le subir.

Quelle formation manquait-il dans ton cursus ENIT pour mieux assumer ce job ?

L’ENIT forme de bons ingénieurs avec un vaste champ des possibles, et cela se sait ; mais il manque une formation à l’entreprenariat. Ceux qui se lancent, se trouvent confrontés aux problèmes de la création, aux choix juridiques, aux dossiers à monter, aux relations avec les banques, les organismes, avec les normes et règlements, etc… et à la solitude du patron.

Ils savent si peu sur tout cela, qu’il faut compléter leur formation pour ‘désinhiber’ leur créativité, leur curiosité et leur donner envie.

Michel MURAT(6) 

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