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18 juin 2019

Entretien avec JP Moreau

 

Jean Pierre MOREAU (6)

Merci Jean Pierre de nous accueillir pour cet entretien.

Quel est ton parcours d’étudiant ?

Après le Bac Maths Tech 1968, à Limoges, je passe le concours de l'ENI de TARBES et intègre l'ENIT pour en sortir en 1972, diplôme en poche. J’entame alors une spécialisation comme certains de mes collègues, à l'ESSA (Ecole Supérieure du soudage autogène à Paris) et j'obtiens le diplôme d'Ingénieur-Soudeur en 1973.

As-tu eu des difficultés pour trouver ton premier job ?

Après un intermède d'1 an pour service militaire à POITIERS, j'entre dans la vie active en septembre 1974.

Je suis embauché par le chantier naval DUBIGEON NORMANDIE à NANTES. Le chantier emploie 3500 personnes. Il a pris à cette époque une commande de 7 navires de transport de produits chimiques, équipés de cuves en acier inoxydable massif ou plaqué sur de l'acier ordinaire, et il doit livrer chaque année 1 de ces bateaux ainsi que 4 autres navires de type différent.

Mon premier job est de revoir toutes les procédures d'assemblage des aciers plaqués et de former les soudeurs.

J’y ai assuré successivement les jobs d’Ingénieur soudeur, responsable des services contrôle, responsable des ateliers de tôlerie au sol, responsable des méthodes générales, responsable du montage des coques de navire.

Ensuite j’ai pris la responsabilité de Directeur de production jusqu’aux essais à quai et en mer, et en plus de cela j’ai assuré la livraison du navire de débarquement "Le Bouguainville" J’y resterai jusqu’à sa fermeture en juin 1987.

Et ensuite ?

Avant de fermer l’entreprise, il m'a fallu procéder au licenciement de 500 personnes avec cellule de reclassement, d’en mettre 500 en préretraite et d’en transférer 500 autres aux Chantiers de l'Atlantique à St NAZAIRE.

On ne t’a pas proposé un poste dans le groupe ?

Je n’ai pas donné suite au poste qui m’était proposé à ST Nazaire, car j'avais déjà signé dès le mois d'avril un autre contrat.

Et ton nouveau contrat ?

Tout en terminant ma mission au chantier jusqu'à la livraison du dernier navire, j’entre, en qualité de directeur de production aux ascenseurs SORETEX à ANGERS, qui deviendra par la suite THYSSEN ASCENSEURS SA.

Que t’a apporté les 13 années passées aux CHANTIERS ?

Je garde une expérience technique « navires », de la construction des car-ferries (Napoléon, Esterel, et Liberté) aux navires de transport de produits chimiques, aux aéroglisseurs en aluminium, et à la construction de sous-marins (l’Agosta).

Je garde particulièrement de l'expérience sociale d'avoir sélectionné les meilleurs dans tous les métiers pour les muter à St Nazaire.

Et à SORETEX ?

A SORETEX, je m'engage à transformer une usine qui devait fermer, en la plus performante du groupe. Cela a pris 3 ans. L’usine a été organisée en ligne de produits de processus communs, et la production passe de 4,5 ascenseurs par jour à 10. La Société obtient la reconnaissance : classe A MRP2-juste à temps-qualité totale.

J’ai dû recruter des ingénieurs, des techniciens et trouver les consultants spécialisés dans les flux tendus. KANBAN, réduction de stock, standardisation des stockages sont mis en place

Les ascenseurs sont livrés en kit conditionnés par phase de montage sur le chantier.

Grâce à la démarche de développement des compétences engagée avec tout le personnel, tous les process se font en 5 jours, en flux direct, sans passage par le stock,

C'est formidable !

Ensuite je prends en plus de ma fonction la direction des ressources humaines avec action sur les directions régionales et les agences chargées de montage des ascenseurs neufs et maintenance des existants, et  la Direction Industrielle intégrant, la R et D et l'ingénierie du traitement des commandes.

Je suis sollicité pour faire des conférences sur la démarche et conseille des entreprises.

Cela fait un deuxième cycle de 14 ans dans la même société. Comment vois-tu ton avenir à 54 ans ?

J’ai toujours eu l'idée d'avoir ma propre entreprise. Après une formation MBA à HEC, je quitte dans de très bonnes conditions THYSSEN ASCENSEURS en février 2001.

Après quelques recherches je fais l'acquisition d'ACEBI, société spécialisée dans la conception et la production de grues de navires et de systèmes de mise à l'eau des embarcations de sauvetage en mer.

En 2003 je créé une ligne de produits pour méga-yacht de luxe.

En 2006, je développe une activité de services pour réaliser les inspections annuelles et quinquennales des équipements de sauvetage toutes marques.

En 2007, je rachète la Société AMGC à CARVIN près de LILLE, spécialisée dans la conception et la fourniture des équipements d’amarrage et de remorquage de navires, qui équipe les navires de la Compagnie Générale de Géophysique.

 

Journal "Le Marin" Décembre 2008

 

Je peux ainsi couvrir toute la fourniture des équipements de pont des navires.

Pour assurer ces services, je crée un centre de formation pour les techniciens qui vont réaliser les inspections des équipements.

En 13 ans je développe la Société et multiplie par 6 le CA.

La Société exportant 85% de ses produits hors EUROPE, je crée des filiales au MAROC, au CONGO, au GABON et à Singapour.

En 2011 et 2012 je prends la vice-présidence, puis la présidence de l’association mondiale des fabricants d’équipement de sauvetage pour les navires, qui regroupe les industriels de 39 pays, l’ILAMA, International lifesaving appliances manufacturers association.

En 2013, à 67 ans, je revends la Société à un des cadres, en lui facilitant le montage financier. Je l'ai accompagné pendant 3 ans.

Quel Bilan fais-tu de toutes ces expériences ?

La vie est trop courte, j’avais d'autres idées, mais il faut savoir se satisfaire de ce que l'on a fait, et se consacrer à sa famille.

 

Propos recueillis par M. Murat(6)

Auteur

Michel MURAT(6)

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